¡ Viva la Revolución !
Remarqué au concours Jeunes Talents du festival d’Angoulême 2009, Léonard Chemineau signe ici son premier album en adaptant un roman du Mexicain James Carlos Blake. Si cette collection Rivage/Casterman/Noir, née de l’association des éditions Rivages et Casterman, est normalement entièrement dédiée à l’adaptation de polars noirs par des auteurs de bandes dessinées, force est de constater que ce one-shot se rapproche plus de la biographie historique que du véritable polar.
Portée par des personnages aux caractères bien trempés, ce tome s’attaque en effet à la Révolution mexicaine du début du XXème siècle. C’est en suivant « El Carnicero », le plus fidèle des compagnons d’armes de Pancho Villa, que le lecteur se retrouve plongé au cœur de cette guerre impitoyable qui mit le Mexique à feu et à sang. Entraîné dans une épopée faite de massacres et de pillages en tous genres, il emprunte ce chemin de la révolution où souffle un vent de liberté, mais qui laisse derrière lui une traînée de poudre et de sang. Tutoyant la mort au sein d’un récit parsemé de victimes, les amis de Pancho Villa permettent de côtoyer les grands acteurs de cette page historique du Mexique (Emiliano Zapata, Carranza, Huerta) et de découvrir toute l’atrocité et les dessous pas toujours reluisants de ce conflit.
Le fait de vivre cette aventure humaine à travers le prisme d’un homme brutal et sans idéal, qui n’a pas pour but de délivrer le peuple de sa misère, mais qui cherche surtout à s’extirper de sa propre condition en optant pour une vie de révolutionnaire, faite de nombreux dangers, mais sans véritable contrainte, est également très intéressant. Visuellement, il faut absolument saluer le travail de Léonard Chemineau et de ses deux coloristes. Pour une première réalisation, le jeune auteur livre un dessin déjà très abouti, parfaitement rehaussé par la colorisation experte de Sophie Dumas et Scarlett Smulkowski. Proposant des protagonistes hauts en couleur au sein de décors particulièrement lumineux, ils restituent à merveille l’ambiance poussiéreuse et suffocante de ce pays en proie au chaos. Chapeau (ou sombrero si vous préférez) !
¡ Viva la Revolución !