Magazine Culture

Pourquoi faire une maison avec ses morts

Publié le 16 mars 2008 par Maxime Jobin
Pourquoi faire une maison avec ses morts

Commentaire
Avec un tel titre, j'en attendais beaucoup de ce recueil de nouvelles. J'ai été déçu. Tous les textes se ressemblent : de longues plaintes sur la vie, de longues réflexions sur la mort, peu d'éléments intéressants. Surtout, à ne pas lire en pleine dépression. On sent bien ce que l'auteure a voulu faire avec ce livre - quelque chose qui pourrait ressembler à un manifeste de la mort de nos jours - mais je ne suis pas du tout sûr qu'elle ait réussi.

Bien sûr, Pourquoi faire une maison avec ses morts n'est pas totalement inintéressant : certains passages font réfléchir, d'autres nous en apprennent sur la mort de notre époque. La nouvelle titre, " Comment faire une maison avec ses morts ", est certainement, en ce sens, la nouvelle la plus séduisante du recueil, apportant quelques faits peu banals sur la mort dans d'autres cultures. L'ensemble se tient, on peut deviner que le personnage principal est le même pour chaque texte, mais cet ensemble ne nous tient pas, nous, ne nous amène pas dans son univers. Trop de redondances, trop fade.

Je ne conseille pas ce livre, sauf si, vraiment, la mort vous passionne. Élise Turcotte a peut-être réussi à décrire la mort à la perfection, mais elle n'a pas, enfin pas selon moi, réussi à lui donner un angle qui aurait pu lui procurer un nouvel habit, une nouvelle lumière. À vous de vous faire une opinion sur le sujet.
Quatrième de couverture
" L'homo sapiens a compris depuis longtemps comment transformer la mort en symboles. On a trouvé des cornes de cervidés dans les plus anciennes sépultures. Cornes, fleurs, coquillages, outils de silex. Toute forme d'art commence avec ce récit. Mais aujourd'hui, plus personne ne sait comment faire une maison pour les morts. Et c'est chez moi que l'homme finit un jour par déposer son bouquet de lys. Dans ces sept histoires pétries dans la glaise du jour, les pieds sur le seuil du nouveau millénaire, les questions de tous les temps bourdonnent fort à nos oreilles. Ne sent-on pas qu'il y a un autre monde en sursis, craignent toujours la petite faucheuse, aujourd'hui comme il y a mille ans? Que le jardin des allongés n'a rien d'un paradis et que, en fin de compte, la mort est bien plus vivante qu'on ne le croie... La narratrice de ces histoires aide les endeuillés à comprendre l'incompréhensible, afin de faciliter le passage obligé de la mort, dans un monde engagé sur l'autoroute de la déshumanisation."
" J'ai cherché moi-même à être ce roc contre lequel les marées se cognent sans jamais qu'il s'ébranle. Mais je sais maintenant ma propre mort bien plus certaine, bien plus entêtée que n'importe quel roc, n'importe quelle racine survivante."
" Je dis, c'est une odeur de la mort. Celle d'un souvenir, pas celle du corps. Ni celle de la perte brute. Rien d'assez matériel. Juste un effluve de l'impénétrable."
" Si la fatigue permet un travail, c'est celui de l'errance."
" Certains disent que s'éveiller le matin est comme une petite naissance. J'envie ces gens. Pour moi, chaque matin ressemble plutôt à une petite mort. [...] Seule. J'ouvre les yeux et ne me dis aussitôt que je vais mourir. [...] Si je mets un pied par terre, tout s'enclenche [...] Je suis si fatiguée de mourir."
" Par le passé, à deux reprises, j'ai dû cacher tous les couteaux de la maison. [...] Le simple fait de regarder les couteaux de la maison comme des ennemis en dit beaucoup sur l'existence."
" C'est peut-être ça, l'approche de la mort : non pas la résurgence de tous les moments vécus, comme on l'a si souvent décrit, mais des îlots de faits non vécus sur lesquels on sautille comme des enfants jouant à saute-mouton."
" Dans la salle de bal de l'hôpital, les coursiers passent régulièrement pour mettre des petits cachets sous la langue des patients qui attendent. Je sors la langue moi aussi. Mais le coursier passe son chemin en souriant. Je lui crie :
- Je n'ai pas le droit d'être calme moi aussi ?
"
" Note : Ce livre est nominé au Prix littéraire des collégiens 2008. Bien que je sois jury de ce prix, cet article ne réflète en rien l'opinion des autres jurys. Je n'écris pas en tant que jury, mais bien en tant que lecteur. Mon choix final restera secret jusqu'au dévoilement du gagnant. Aujourd'hui, le mien, mon visage, ne m'importe plus. Je pourrais le voir vissé sur un autre corps que je ne serais pas surprise."


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Maxime Jobin 29 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine