Ce sont des oeuvres tout à fait étonnantes que Kassia Knap présente à la galerie Christophe Gaillard (jusqu'au 2 juin), un travail à nul autre pareil, dont j'avais eu un premier aperçu au Musée de Lyon. Ce sont des toiles, dans tous les sens du terme : de la matière où apparaissent des froissements, des tensions telluriques, des anticlinaux et des synclinaux, des noeuds et des ondes, des échos et des vagues, fruit d'un travail incessant où toile, plâtre, cendres et couleurs sont inlassablement ajoutés, retranchés, remis jusqu'à arriver à ces monstrueux paysages (toutes ses toiles sont titrées 'Paysage'). Les sutures y sont des cicatrices, les torsions y sont des cris douloureux, la pesanteur entraîne la masse vers le bas (j'ai pensé aux toiles encore vivantes et mobiles d'Eugène Leroy).
Le tondo -à voir dans le bureau du galeriste- semble un nid de serpents grouillant, espace tourmenté au centre, apaisé aux bords : visage christique
décomposé ou Méduse effrayante ? Ces plis renvoient à toute l'histoire du drapé, à la 'philosophie du pli'.Mais peut-être faut-il s'abstraire de cette lecture mystique, de ces références qui nous détourneraient de la peinture même, se plonger plutôt dans la musique (le titre de l'exposition évoque Bach) et c'est sans doute la raison pour laquelle la plupart des toiles que l'artiste a voulu montrer ici sont dans un grand format carré ou rectangulaire, plus 'laïc'. Parmi elles, devant l'entrée, ce grand paysage horizontal, aux nuages dorés, au sol noirâtre aux traînées vert mousse, est un des plus réussis.
Photos courtoisie de la galerie. Kassia Knap étant représentée par l'ADAGP, les reproductions de ses oeuvres seront ôtées du blog à la fin de l'exposition.