Le Parisien
Laure Parny | Publié le 25.04.2012, 07h23
Le sans-abri autour duquel une chaîne
de solidarité s’est constituée à Nogent, n’hésite pas à distribuer certains de ses textes aux passants. « C’est tellement dur de se retrouver sans toit, qu’écrire m’aide à me sentir mieux et
à faire comprendre ce qui m’arrive, raconte celui qui ne quitte jamais Lascard, son chien. A part en hiver, quand le froid m’en empêchait, j’écris presque tous les jours, ou je dessine.
J’ai malheureusement perdu plein de carnets à cause de la pluie, de l’humidité du box où je vivais. »
En attente de nouvelles de sa fille
Dominique a été mis à la porte en juillet dernier, du jour au lendemain, d’une chambre qu’il sous-louait
depuis plus de dix ans à Nogent. De parkings en bancs publics, il dort où il peut. « J’avais trouvé un semblant d’équilibre dans un box, mais les copropriétaires viennent de me mettre dehors,
regrette cet ancien jardinier, blessé à la main depuis quelques mois. Depuis, j’erre, je dors le jour et reste sur mes gardes la nuit. Sans Lascard, je ne sais pas si je serais toujours
vivant. »
Entouré par quelques Nogentais qui se sont liés d’amitié avec lui, Dominique se voit donner quelques
provisions par Micheline, apporter un thé chaud par Aude, tandis que Delphine lui lave ses jeans. Il a ainsi pu faire taper ses textes par d’autres amis et n’hésite pas à les distribuer. Certains
étudiants de l’Institut biblique de la grande rue Charles-de-Gaulle, issue de l’église protestante évangélique, s’y sont intéressés. Un comédien habitant de Nogent envisage même de s’en servir de
base pour un scénario. « Dès que j’ai lu ces textes, j’ai été touché, assure Olivier Zwicky, comédien. Depuis, ça me trotte dans la tête de faire de la vie de Dominique un court-métrage.
» « Ses textes sont tellement sincères et touchants, confirme Cécile, une jeune femme qui travaille près du square Walter et partage souvent une cigarette avec Dominique. Même si le
style est parfois maladroit, le fond est très intéressant. »
Malheureusement, Dominique Ruggieri, qui vit du RSA et se refuse à faire la manche, n’a pas pour autant
trouvé d’hébergement. « Beaucoup de personnes sont sensibles à ce qui m’arrive, et j’ai fait toutes les démarches, mais je suis toujours à la rue avec mon chien, se désespère Dominique.
Mon espoir en distribuant mes textes, c’est aussi de toucher ma fille, que mon ex-femme a emmenée avec elle en 1999 sans que je puisse la revoir. Maintenant qu’elle est adulte, j’aimerais
tant que Clélia prenne contact avec moi… »