Saison brune

de Philippe Squarzoni
Bande dessinée - 480 pages
Editions Delcourt - mars 2012

Philippe Squarzoni veut s'attaquer à l'écriture d'un album sur le thème du réchauffement climatique. Vaste sujet, il en est conscient, mais cela lui tient plus qu'à coeur, cela le travaille, le taraude. Alors oui, ce sera un album, mais dense (480 pages). Ce sera une BD, mais après un long travail de documentation (plus de 5 ans de recherches). Il y a ce travail, ces explications illustrées, ces interviews d'experts scientifiques du Giec, d'Attac etc, et puis il y a sa vie personnelle, aux côtés de sa compagne, ses longues soirées de rédaction, ses promenades avec elle et le chien, ses vacances. Et toujours, il y a l'ombre de cette menace, cette promesse morbide de catastrophe climatique, d'épuisement des ressources énergétiques, cette nécessité de réductions de nos consommations, nécessité que nous voulons ne pas savoir urgente.

Comment commencer une histoire ? Par où attaquer le problème ? L'auteur part du commencement de la Terre, de la signification du Climat, mais en ponctuant avec ses souvenirs de "débuts", débuts de film, débuts de vacances, débuts de vie. Et pareil à la fin, longtemps avant la dernière page, le problème de la fin de cet ouvrage se pose, comment clore la question sans en poser de nouvelles. Entretemps, on aura été informés, abasourdis par les démonstrations claires sur les questions en lien avec le réchauffement climatiques : les émissions des différents gaz à effet de serre, les perturbations des précipitations, les prévisions des climato-alarmistes et des climato-sceptiques, les futurs réfugiés climatiques, le non fondé de la solution nucléaire, les politiques de l'autruche,  les seuils critiques pour le point de non retour...2 degrés de réchauffement global, c'est le seuil estimé au delà duquel les conséquences sont difficilement prévisibles pour cause d'emballement et de dérèglement incontrôlé du climat. Or, les 2 degrés seront en toute vraisemblance atteints en 2050, et c'est seulement avec des volontés drastiques et globales de réductions des consommations (donc de nos niveaux de vie, de nos besoins de confort) que l'augmentation saurait à terme être quelque peu maîtrisée.Sur le plan théorique, il y a un espoir, en gros si les Français se mettent dès demain à consommer 2 fois moins et les Américains 10 fois moins. Autant dire que la pratique n'est pas prête de s'aligner à la théorie. Alors, nous arriverons à une modification radicale de nos besoins énergétiques quand nous n'aurons vraiment plus le choix (raréfaction des réserves de pétroles, catastrophes naturelles et/ou climatiques). Voilà. Faute d'avoir prévenu pour les générations futures, elles devront se confronter à des désastres mal mesurés.Saison brune, malgré quelques répétitions du début - répétitions qui font peut-être partie de la pédagogie -, est vraiment un travail édifiant qui aboutit à un panorama consternant, alarmiste - objectivement alarmiste, pédagogiquement essentiel._________[merci à Babélio !]