Pays original, le Marais Vernier est une sorte de polder coincé dans le dernier méandre de la Seine, entre le Pont de Tancarville et le Havre, sur la rive gauche. Voué à l'élevage, il est en partie constitué de pâturages collectifs où chacun peut abandonner ses bêtes à la belle saison moyennant une identification des animaux qui s'effectue le 1er mais. La fête du travail n'est pas de tout repos ici.
Ce jour-là, le patelin ressemble au far-west américain : bêtes à cornes, fer rouge, beuglements... Si tout cela ne se passait pas devant un petit café bien de chez nous, avec des cowboys coiffés de casquettes, on se croirait à Dallas.
Les neuf animaux que chaque fermier peut faire paître après acquittement d'une modeste taxe sont marqués, aux cornes, des initiales M.V. (Marais-Vernier). Le fer est tenu par les conseillers qui officient, une année sur l'autre, devant un des deux bistrots du village. Les habitants qui n'ont pas d'animaux touchent une indemnité en fin d'année.
Traditionnellement, les éleveurs arrivaient à pied, les vaches à la longe. Aujourd'hui, cet "étampage" a perdu un peu de son charme, beaucoup de bêtes sont amenées en camion. Mais l'ambiance y est toujours.
Facéties du garde-champêtre ou bonnes histoires du cru réchauffées au "calva" égayent cette matinée par ailleurs assez "éclaboussée".
Article de 1985