Magazine Cinéma
2009
James Huth
Avec : Jean Dujardin, Michael Youn, Melvil Poupaud, Alexandra Lamy
Nous sommes habitués hélas, aux consternantes adaptations cinématographiques de BD. La consternation nous écarquille les yeux sur les Dalton, Michel Vaillant, les trois Asterix (oui, même celui de Chabat, quoique sympathique, n’est pas ce que l’on peut appeler une adaptation réussie). Les américains font un peu mieux, mais à peine, avec leur bestiaire DC/Marvel.
Le Lucky Luke de James Huth ne déroge donc pas à la règle. Pour donner un peu de crédit au film, nous devons préciser que la consternation est plus proche de celle éprouvée en regardant le Blueberry de Jan Kounen que de celle subie en supportant Iznogoud. C'est-à-dire que James Huth ose. Il ose donner une origine au héros de Morris. Il ose lui donner un prénom. Il ose un Lucky Luke mélancolique. Il ose un Lucky Luke fermier. Il ose un Lucky Luke en couple. On est même tellement éloigné de Lucky Luke qu’au bout de vingt minutes on s’emmerde, complètement indifférents au scénario. Les états d’âme de Lucky Luke ne nous intéressent pas. Ce qui pourrait à la rigueur fonctionner pour Spirou (voir Le Journal d’un Ingénu) ne fonctionne pas pour Lucky Luke. James Huth ose même mettre la pédale douce sur l’humour canalo-télévisuel pour montrer un Lucky Luke qui file des beignes à une femme. On re-écarquille les yeux, sans comprendre si ça doit être une vanne, un gag retors, un clin d’œil incompréhensible aux cent ou deux-cents femmes qui meurent chaque année en France sous les coups de leurs conjoints. James Huth ose aussi le délire baroque avec le bandit manchot géant au milieu du désert. Mais à ce stade, on ne se sent plus vraiment concernés. James Huth filme très bien les beaux paysages, mais n’importe quel réalisateur de pub fait pareil. Au final, j’ai peut-être ri une fois ou deux seulement, au point que je me suis demandé si James Huth avait vraiment voulu faire une comédie. Le talent pourrait être là, mais le sujet est tellement à coté de la plaque que la version de Terence Hill passe pour une adaptation réussie en comparaison. C’est dire. Seul petit plaisir, la présence de Jean-François Balmer, qui permet au passage de deviner le twist final dès le début.
Où le voir : j’aurais donc attendu qu’il passe en clair pour le voir. A la même heure sur TF1, Adèle Blanc-Sec officiait. J’en ai vu quelques minutes après le Luke, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la consternation restait de mise…