Je vais essayer de
l’énoncer le plus simplement possible ce dilemme :
D’un coté nous avons Hollande, homme sympathique et que je crois sincère et
plein de bonne volonté. Il est, et de loin, le plus apte à mettre en place la
république irréprochable que Bayrou appelle de ses vœux depuis
toujours.
Pour autant, il est à gauche, et pour gagner en tant que représentant de
gauche il faut faire de vaines promesses, il a fait de vaines promesses, il va
gagner.
Malheureusement, ce n’est certainement pas avec son programme qu’il va
redresser la France. Il n’arrivera évidemment pas à l’équilibre budgétaire à
échéance 2017 tel qu’il le promet. Il s’appuie sur un taux prévisionnel de
croissance que tout le monde s’accorde à trouver irréaliste et il y a beaucoup
trop dépenses affichées et trop d’onéreuses zones d’ombres dans son projet. Non
seulement la maîtrise affichée de la hausse des dépenses publiques qu’il
prétend mettre en œuvre n’est pas suffisamment précisée mais elle parait
incohérente avec les dépenses annoncées dans son programme. Plus grave, il
semble n’avoir pas pris la mesure des efforts qui devront être faits pour
sauvegarder notre fameux modèle français qui n’est d’ailleurs plus un modèle
pour personne que pour les français. A moins qu’il n'ait l’intention cachée de
le reconsidérer en profondeur, mais alors elle est extrêmement bien cachée
l’intention.
En résumé, je n’ai aucune confiance en François Hollande pour redresser le
pays, pire encore, s’il fait ce qu’il a annoncé, la situation ne peut aller
qu’en s’empirant.
De l’autre coté, nous avons Sarkozy, homme que je trouve personnellement peu
sympathique, dont j’ai du mal à comprendre la stratégie, pour peu qu’il en ait
une, autre qu’électorale, et dont la sincérité n’apparait pas extrêmement
évidente. De plus, sa pratique du pouvoir a été tout sauf exemplaire.
Pour autant, il est probablement mieux placé que son rival pour atteindre
ses objectifs de réduction des déficits, moins de blocages idéologiques, même
si, de son coté également, les zones d’ombres sont nombreuses. Pour autant, ses
5 années à Élysées n’ont pas prouvé grand-chose. Certes on peut lui reconnaitre
quelques bonne intentions, mais il a clairement péché dans la réalisation. Il a
également fait quelques grossières et couteuses erreurs, la loi TEPA en est une
magistrale.
Enfin, son projet économique n’est clairement pas à la hauteur des
enjeux : mesures d’économies aléatoires et insuffisantes et réforme
structurelles pour le moins imprécises.
Rien de bien convainquant sur les sujets qui doivent primer avant tout, le
redressement de la France, la montée en gamme de son industrie, l'éducation,
l’investissement dans la recherche et le développement et dans l’enseignement
supérieur, le financement des PME, le renforcement de l’intégration européenne
avec une véritable stratégie européenne…
Plus grave encore, il est parti dans des considérations qui sont à mille
lieues de celles que l’on attend d’un prétendant à présidentielle en
2012 : « En 1995, le grand sujet, ça a été la fracture sociale.
En 2007, c'était le travail. En 2012, c'est la question des frontières. Mon
projet, c'est de remettre les frontières au coeur de la politique »
(discours de Toulouse du 30 avril)…Evidemment que Sarkozy n'est pas
le mal, mais comment faire confiance en quelqu’un qui, alors que la France
est au bord du gouffre, vous dit que son projet « c'est de remettre
les frontières au coeur de la politique » ?...comment voter pour
quelqu’un qui manifestement a décidé de faire de l’Europe et de l’immigré des
boucs émissaires ?
Pas facile de faire un choix. Le vote blanc est franchement tentant dans
ces conditions mais voter blanc c’est laisser les autres choisir à sa
place…alors il me reste 5 jours pour faire mon choix…par défaut.