« L’autre jour, à la télévision, j’ai succédé à mon adversaire. Alors j’ai regardé, je me suis dit : Je vais peut-être apprendre quelque chose. A cinq reprises, le journaliste David Pujadas lui a posé une question : J’ai une question à vous poser, répondez simplement, y a-t-il trop d’étrangers en France, ou pas assez ? Cinq reprises, il a refusé. Dois-je considérer que celui qui prétend vouloir être président de la République n’a donc, à moins d’une semaine, un peu plus d’une semaine, du 6 mai, aucune idée sur ce que devra être la politique migratoire qu’il conduira dans les cinq ans s’il était élu ? Aucune ? Au bout de cinq questions, il a consenti à dire : On va y réfléchir. On va faire une commission ! »François Hollande n'avait promis aucune commission, et avait simplement pointé l'inanité de la question. Mais passons. Retenons cette éloge, en creux, de la décision qui serait le trait de caractère principal de Nicolas Sarkozy. Savez-vous combien de commissions de réflexions, souvent rémunérées, Nicolas Sarkozy a-t-il créé depuis 2007 ?Une bonne trentaine !
Au début du quinquennat, la création de commissions faisait partie de l'omniprésence médiatique du Monarque. Il s'agissait de montrer qu'il ne gouvernait pas seul et qu'il savait écouter. Les commissions permettaient plusieurs points presse et autant de discours: annonce de leur création, installation en public, remise du rapport. Elles complétaient les Grenelles (Environnement, pêche, Identité nationale) et aux Conférences (réflexion nationale sur les rythmes scolaires, etc)
Certaines commissions ne servaient qu'à emballer des mesures déjà annoncées, comme sur l'audiovisuel public (la commission fut créé après les annonces!), ou sur la réforme judiciaire. D'autres, plus nombreuses, étaient surprenantes dans leur objet. Comme si Sarkozy, à peine élue, avait décidé de sous-traiter des pans entiers de sa gouvernance. Comme s'il n'avait pas d'idées, même sur des sujets cruciaux (comme la croissance ou la Défense)
Puis, à fur et à mesure qu'il s'enfonçait dans l'impopularité, les commissions Sarkozy servaient de pare-feu (lycée, pompier, grand emprunt, etc). D'autres enfin n'étaient là que pour faire à une action, « mettre la poussière sous le tapis »: à cet égard, celle sur les conflits d'intérêt fut exemplaire: elle ne déboucha sur rien sinon un rapport, dont les conclusions, de surcroît, furent désavouées discrètement par Nicolas Sarkozy...
- «Commission du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale», en août 2007.
- «Commission sur le Plan Alzheimer», présidée par le professeur Joël Ménard, en septembre 2007.
- «Commission sur la réforme hospitalière», présidée par Gérard Larcher, président UMP du Sénat, en septembre 2007.
- «Commission sur l'évolution du métier d'enseignant», en septembre 2007 ;
- «Commission sur la modernisation des institutions de Vème République », présidée par Edouard Balladur, en octobre 2007.
- «Commission sur l'attractivité des métiers du supérieur », en décembre 2007;
- «Commission pour la nouvelle télévision publique», présidée par Jean-François Copé, en février 2008. Le Monarque n'avait pas attendu pour énoncer ses décisions: suppression partielle de la publicité, démarrage des soirées à 20h35, nomination des présidents de l'audiovisuel public par le Président de la République.
- «Commission sur le cadre constitutionnel de la nouvelle politique d'immigration», présidée par Pierre Mazeaud, en février 2008. Son rapport, en juillet de la même année, fut suffisamment contradictoire avec les envies sarkozyennes du moment pour être soigneusement remis au placard.
- «Commission sur l'image des femmes dans les médias», en février 2008;
- « Commission de mesure de la performance économique et du progrès social », présidée par Joseph Stiglitz
- «Commission consultative pour le choix du nouveau directeur de l’académie française de Rome», en mars 2008.
- «Commission pour la libération de la croissance française », présidée par Jacques Attali, qui rendit deux rapports. Sa première réunion datait de 2008, quelques mois à peine après l'élection présidentielle. Comme si Sarkozy n'avait déjà plus d'idées.
- «Commission pour le développement de La Poste», présidée par François Ailleret, en septembre 2008 (installée par Christine Lagarde, ministre de l'Economie)
- «Commission sur l'égalité des chances et diversité», présidée par Simone Veil, en décembre 2008.
- «Commission de réflexion sur le statut de sapeur-pompier volontaire», en avril 2009 ;
- «Commission sur l'Avenir des Centres Hospitaliers Universitaires», présidée par le Professeur Jacques Marescaux, en mai 2009.
- «Commission sur l'Emprunt National », présidée par Alain Juppé et Michel Rocard dès l'été 2009. Les deux, assistée de quelques dizaines d'« experts », travaillèrent à proposer les contours du futur Grand Emprunt, un gadget qui servi d'argument électoral à Nicolas Sarkozy pendant toute la fin de son quinquennat.
- « Commission nationale consultative des droits de l’homme pour éclairer les choix et les actes du gouvernement», présidée par Yves Repiquet, ancien bâtonnier de Paris, en juillet 2009
- «Commission sur les professions du droit », présidée par M. Jean-Michel Darrois, en août 2009.
- «Commission sur la réforme du lycée », présidée par Richard Descoing, en août 2009.
- «Commission sur la réforme de la procédure pénale », présidée par M. Philippe Léger, en septembre 2009.
- «Commission pour la prévention de l'obésité» présidée par Anne de Danne, en octobre 2009.
- «Commission sur le financement du codéveloppement en Méditerranée», présidée par Charles Milhaud, en décembre 2009
- «Commission sur les violences scolaires», présidée par Alain Bauer, en février 2010.
- « Commission nationale du commerce équitable », en avril 2010
- «Commission de concertation sur la politique de la jeunesse», présidée par Martin Hirsch en juillet 2010, qui déboucha sur le RSA jeunes.
- «Commission de réflexion pour la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique », présidée par Jean-Marc Sauvé, en juillet 2010.
- «Commission sur la dimension sociale de la mondialisation », présidée par Christine Boutin, en juillet 2010
- «Commission sur l'avenir de l'Hôtel de la Marine», présidée par Valéry Giscard d'Estaing, en février 2011.
- «Commission sur l'amélioration de la démocratie locale», présidée par Jean-Pierre Girard, député UMP du Var, en juin 2011.