Conte soufi : Deux anges

Par Unpeudetao

   Deux anges purs, nommés Harût et Marût, avaient été condamnés à rester prisonniers au fond d’un puits, au beau milieu de l’univers. Ils étaient connus pour leur science de la magie et cette réputation attirait beaucoup de monde. Eux se défendaient de vouloir enseigner la magie. À ceux qui insistaient, ils disaient :
   « Nous n’enseignons la magie que pour éprouver les hommes. »
   Les désirs sont comme des chiens endormis. Le bien ou le mal qui réside en eux reste caché. Bien qu’ils soient en apparence aussi immobiles que des bûches de bois, les trompettes du désir retentissent dès que leur intérêt est éveillé. Des centaines de chiens se réveillent ainsi. Bien des désirs enfouis resurgissent. Chaque poil de ces chiens devient une dent. Il en va comme de la braise qui se frotte au bois sec. On ne les voit pas toujours car ils n’ont pas de gibier à chasser.
   Le malade a perdu son appétit. Il n’a qu’un seul désir : recouvrer la santé. Mais qu’on lui montre une tranche de pain ou un fruit et, sitôt, la nécessité du régime est oubliée! Si jamais il prend patience, la vue de cette nourriture lui est utile car elle le rend fort. Mais s’il n’a pas de patience, alors, mieux vaut qu’il ne la voie pas !

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