Je me souviens qu’après la publication de la série sur le sujet-héros, j’ai eu une discussion avec deux cadres français d’une jeune entreprise de communication. Nous nous étions rencontrés à Paris et quelques semaines plus tard, nous étions à Ouagadougou pour une de leur opération. La discussion s’est ouverte sur le concept de sujet-héros que je proposais…La jeune chef d’équipe m’a dit qu’elle retrouvait son propre vécu dans ce que j’avais écrit, mais elle voulait savoir quelle était la solution sur laquelle débouchait mon analyse. Presqu’à chaque fois que je publie un post…plusieurs de mes lecteurs le lisent avec à l’esprit la question suivante : « Où est la solution ? Où est le conseil ? ». Et quand ils ont le sentiment de ne pas y trouver de réponses, ils n’hésitent pas avec raison à m’interpeller pour me dire : « Tel article était bon, mais tu n’y as pas présenté de solutions pratiques ». Je pense que je dois une explication et au-delà, je souhaiterais clairement exprimer la démarche de travail de ce blog.
Je n’aime pas à revendiquer le titre de psychologue parce que c’est un titre qui est encadré par des dispositions légales bien précises, en tout cas dans certains pays. Je n’ai rien fait pour l’avoir officiellement et cela ne me pose pas de problème. Ce n’est pour l’instant pas dans mes priorités. Mais vous l’aurez compris, c’est avec une âme inspirée de ma formation dans ce domaine que j’essaye d’aborder mes articles.
La démarche psychologique (surtout pour moi avec une forte influence psychanalytique) est très proche du concept de la maïeutique socratique. Il n’est pas question de répondre à tout. Et même si nous continuons de percevoir le psychologue comme « Monsieur conseil » ou « Monsieur entrer dans la pensée des gens », cela est loin de la réalité. Il accompagne et aide à prendre conscience. La dimension conseil est un débouché de tout le travail en aval qui est un travail d’aide à la prise de conscience du problème et d’ouverture de l’esprit aux solutions, puis finalement à la solution (même si ça reste au pluriel).
C’est cette démarche donc que j’ai choisi d’adopter.
Pour moi, dans le cadre de ce blog, le problème est aussi important que la solution. A force de courir après les solutions, on finit par ne plus comprendre les problèmes et donc, les solutions finissent toutes par s’essouffler.
Ce que je reproche aux cabinets conseils en Afrique, c’est justement cette approche orientée vers « voici la solution ». C’est aussi ce que je reproche à tous ces « experts ». Et je suis toujours surpris que nous n’arrivions pas à réaliser que « nos solutions miracles » et « nos conseils magiques » n’ont toujours pas réussi à produire au moins des faits d’armes remarquable, sinon des entreprises qui se démarquent…Donnez-moi donc un nom…un seul d’une de ces entreprises d’Afrique francophone qui se soit démarquée du fait du génie de ces Conseils…il n’y en a aucune et c’est une preuve que nous devons revoir notre approche conseil. Je refuse cette fuite en avant qui consiste à ne jamais se remettre en question alors que rien ne brille…
Il est inutile de connaître tout, d’avoir réponse à tout. Cela est d’ailleurs une impossibilité à priori. Parfois, il faut se focaliser juste sur le problème. Aider à le faire comprendre. Quand ça ne débouche pas sur des conseils et solutions, ça peut souvent laisser un arrière-gout…Mais il faut oser aborder les choses de cette manière. Parfois en exposant les problèmes, en les disséquant, on ouvre la voie à ce que les solutions viennent de partout et même des coins les plus reculés.
Je n’ai pas les solutions à tout et je n’ai pas à l’esprit que Psychorganisons soit une boite à solutions magique. C’est un espace de partage. Où se partagent des expériences vécues. Certaines finissent bien, d’autres pas du tout. Certaines ont dégagé des solutions innovantes, d’autres justement bloquent. Mais c’est en coalisant ces connaissances que nous pouvons puiser des idées essentielles.
Parce que je crois que les solutions et conseils pour nos carrières, pour nos entreprises pour nos organisations ne se trouvent pas auprès des tierces. Mais bel et bien en nous-mêmes. Et la meilleure expertise est celle qui est capable de nous la révéler sans nous laisser l’impression qu’elle vient de la planète Mars alors qu’elle n’a souvent aucune emprise sur la réalité.
Voilà donc ma démarche. Proposer des expériences et des réflexions et ce qui en est ressorti comme outil, solutions…ou rien du tout. Tout cela est utile à mon sens. Pas de l’informatif, mais aussi rien du directif…simplement de l’analytique et avec un peu de chance, de l’opérationnel.