Non, pas dépitée. Enervée, en fait. Et il y a de quoi. Personne, ou quasi, ne reprends les infos de Médiapart sur le financement de la campagne de Sarkozy en 2007, lors es dernières présidentielles. Personne n’ose même poser la question. Dans Libé, on s’attarde frileusement sur les menaces de mort reçues par Fabrice Arfi, à lire bien entendu, on évoque le fait que Médiapart ait sorti l’info… mais rien de plus.
Personne ne creuse ni ne vérifie ?
Les journalistes des grands médias sont réduits au rôle de témoins, de figurants, de pantins de cons ?). Oui, puisque c’est quelqu’un d’autre qui tient les ficelles dans une main et le porte-monnaie dans une autre. Ce ne sont pas les journalistes qui décident du contenu des pages. Ils proposent leurs articles et le rédac chef prend ou non. Ensuite, encore au-dessus, tout là-haut là-haut, se trouve le Dr No du média en question, c’est le propriétaire. Ils peuvent être plusieurs, souvent, et amis du président élu en 2007, parfois.
Que peuvent faire les journalistes
qui ont du mal à exercer leur métier ?
Auxiliaires de police sur les manif ? Partir à l’étranger, genre en Syrie, là où on fait les mêmes menaces qu’aux collègues de Médiapart ? Aller chercher le buzz, la petite phrase ? Se déniaiser et enfin ouvrir les yeux ?
Simplement regarder notre profession, déjà malade, mourir à petit feu d’immobilisme, en se moquant des différences, de ceux qui font leur boulot, de ceux qui se font espionner ou cambrioler, de ceux qui ne seront jamais invités à diner au Cercle. Et pour cause.
Parce que nous ne ferons rien de plus. Et encore une fois, o nous raillera. Quelques-uns se draperont dans leur hautaine indifférence, d’autres subiront. Encore.