De plus en plus, autour de moi, j'entends des gens ayant voté à gauche au premier tour (la vraie, celle de Mélenchon entre autres) s'interroger sur ce qu'ils vont faire au second tour. Pour eux, le vote Hollande ne va pas de soi et la tentation de l'abstention ou du vote blanc est forte.
Je comprends ces réticences, et je les partage pour beaucoup d'entre elles. Je me suis exprimé le 22 avril pour un programme aux valeurs de gauche clairement exprimées. J'ai voté pour que l'on ne cède rien sur les valeurs de partage, de tolérance, d'égalité qui sont les nôtres, qui sont celles du peuple de gauche. J'ai voté pour que l'on revienne sur la plupart des dispositions injustes de la droite, particulièrement sur les retraites ou sur l'éducation. J'ai voté pour la conquête de nouveaux droits et de nouveaux progrès, pour que l'économie et la finance ne soient plus les seules variable d'ajustement, mais que l'humain soit au centre de toutes les décisions. Évidemment, à cette aune, le programme de François Hollande est pour le moins timide, flou et fortement ambigu.
Pourtant, le 6 mai, je n'hésiterai pas une seconde. J'irai voter et je glisserai un bulletin Hollande dans l'urne. Non pas par adhésion au candidat socialiste, mais par ce qu'il s'agit du principe même d'une élection à deux tours : on premier on choisit le candidat qui est le plus proche de nos idées, au second, on élimine le pire. Mon vote Hollande sera clairement un vote contre Sarkozy.
Il faut que le 6 mai le vote du peuple français soit le plus clair possible. Il faut rejeter massivement tout ce qui a fait l'image et l'essence du quinquennat Sarkozy. Il faut en finir avec cette politique de division qui oppose systèmatiquement les uns aux autres, les Français aux immigrés, les chômeurs aux travailleurs, les pauvres aux riches, les salariés du public à ceux du privé. Il faut refuser d'aller plus loin dans cette politique de casse sociale qui après avoir mis à bas la retraite à 60 ans projette de s'attaquer à la sécurité sociale. Il faut enfin en terminer avec une pratique détestable du pouvoir qui consiste à privilégier un camp au détriment souvent de la justice ou de la morale.
Alors oui, le 6 mai je vote contre Sarkozy. Parce que plus le score de François Hollande sera élevé plus le refus des Français de certaines pratiques, d'une certaine politique sera significatif, et incontournable pour le futur. Mais c'est aussi un vote en conscience que les choses ne s'arrêteront pas le soir du scrutin, et que si l'on veut que tout change vraiment, il faut que la politique et la mobilisation populaire qui a été celle autour de la candidature Mélenchon continue, voire s'amplifie. Le 7 mai donc, on se remobilise pour les législatives afin qu'il y ait le plus possible de députés du Front de gauche à l'Assemblée, afin surtout qu'il y ait un vrai contre pouvoir de gauche face à l'hégémonie du PS.
Mais surtout, dès l'automne, on ne laisse rien passer, il faut que chaque fois que le futur gouvernement mettra un genou à terre et cédera face aux banques, face à la finance, face au grand patronat, par une vigilance et une mobilisation de tous instants.
Mais à tout cela, il y a un préalable indispensable le 6 mai 2012 : Battre Nicolas Sarkozy !