"Nous allons organiser la Fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille."
Pour cette belle déclaration, le candidat sortant, qui aime les douceurs (le chocolat, les pâtisseries...) mérite un petit cadeau. Aujourd'hui, c'est Marylin Manson qui passe les plats.
Si certains organes de presse ou candidat au premier tour de la présidentielle, voire des intellectuels s'y sont laissé prendre, la supercherie de l'origine pétainiste de la notion de "vrai travail", lancée par Sarkozy au visage des "corps intermédiaires" (les syndicats de salariés, en fait) qu'il a en cette fin de campagne abondamment stigmatisés, aussi fausse fut-elle factuellement, était terriblement vraisemblable. C'est ceci, sans doute, qui gêne dans l'affaire mais qui, aussi, justifie l'activisme naïf de celles et ceux qui s'en sont faits le relais, en toute bonne fois.
L'image de gauche, qui a couru ces derniers temps sur internet,
substitue par photoshopisation le mot "vrai", accolé au mot "travail" par Sarkozy,
à la traditionnelle francisque figurant sur l'affiche originale de 1941.
La droitisation de la campagne du candidat sortant, après la forte radicalisation conservatrice de sa présidence ("autorité", réduction des droits des étrangers, attaques contre les partenaires sociaux, exaltation du mérite personnel, mépris pour la culture etc.) rend au minimum crédible la dérive vichyste dont certains ont pu le soupçonner. Aujourd'hui, son rassemblement de militants UMP au Trocadéro, transgression dangereuse en forme de politisation d'une tradition syndicale jusqu'à présent dévoyée par la seule extrème-droite, ressemble à une déclaration de guerre contre les (syndicats de) salariés. Et au-delà contre le pays, sommé de choisir son drapeau, le rouge n'étant apparemment, comme du temps de la Guerre froide, plus compatible avec le tricolore. Guerre des couleurs à l'époque du grand nettoyage de printemps... Pathétique.
Et les sondages montrent que l'écart entre les deux candidats du second tour diminue... Mais enfin, Français, vous êtes maboules ?
De tout ça, et c'est mon droit à la nostalgie, je préfère m'extraire un temps pour revoir ce charmant petit film popu et oublié d'un certain Luis Sasvasky , 1er mai, découvert il y a quelques années à la télévision. Yves Montand y est l'ouvrier tel qu'on aime le voir au cinéma, fils de Gabin et de Gavroche (?), que je rechercherai plus tard dans la journée, lorsque je rejoindrai le cortège syndical à la Bastille.
Quant au reste, Kadhafi n'a pas mis un dinar cette année dans la campagne de Sarkozy.