Un brin de causette

Pendant de nombreuses années quand étaient édités les nouveaux calendriers, je m’empressais de vérifier à quelle date tombait – entre autres jours fériés – le 1^er mai car il m’assurait une journée de congé supplémentaire, voire un pont éventuel, sorte de Grand Chelem pour les feignants dans mon genre. Désormais à la retraite, je ne fais plus attention à ce genre de détails et il s’en est fallu de peu que j’oublie ce premier jour de mai, or s’il est un jour que je n’ai pas le droit d’oublier, c’est bien celui-ci car je me dois d’offrir un brin de muguet à ma douce. A la réflexion, je ne dois pas non plus négliger sa date d’anniversaire et quelques autres occasions de cadeaux rituels, mais aujourd’hui nous entrons en mai et qui dit mai, dit muguet, ce qui rime moyennement mais sonne joliment à l’oreille.   

Il paraît que la tradition du muguet ce jour-là remonte à la Renaissance, Charles IX en ayant offert autour de lui en 1561 comme porte-bonheur. Le muguet fleurit quand vient le printemps, c'est donc une plante idéale pour célébrer l’arrivée de la saison du renouveau, les beaux jours qui reviennent et pour s’attirer les bonnes grâces pour de futures bonnes récoltes. Ce n'est qu'au début du XXe siècle qu'il sera associé à la Fête du travail, qui date elle-même de 1889. En fait, sous Pétain, la fête des Travailleurs devient la fête du Travail et l'églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet. En 1947, à la Libération, le 1er Mai devient un jour férié et payé. Depuis, la plupart des pays d’Europe ne travaillent pas ce jour-là.

La vente du muguet par les particuliers et les associations non munis d'une autorisation est tolérée le 1er mai en France, c’est pourquoi à chaque coin de rue on peut croiser des vendeurs ambulants ou des tréteaux montés à la hâte, tenus par des gamins ou des adultes.

La tradition peu sembler un peu désuète, le brin de muguet être vendu certaines années à un prix exorbitant, mais c’est aussi un geste sympathique et quand on peut faire plaisir… Bon je vous laisse, je dois me dépêcher d’aller acheter mon muguet avant la ruée de fin de matinée car je tiens à régaler ma belle de clochettes qui se tiennent sur des brins bien raides.