Le Chantier d'une Génération

Publié le 01 mai 2012 par Hunterjones
C'est comme ça qu'on qualifie le Plan Nord chez les Libéraux.
On croit que je suis contre le Plan Nord.
Pas vraiment. Faut savoir me lire.
Comme bien souvent, dans le dossier du nouveau Colisée de Québec, les gaz de schiste, la hausse des frais de scolarité, je ne suis pas contre l'idée (les gaz de schiste oui), je suis contre les manières.
TOUT est dans les manières.

Quelques petites choses méritent de sérieux coup de loupe.
-La consultation déficiente:
Quand les libéraux ont "consulté" dans l'avant-projet, ils ont écarté les écologistes et les nations autochtones de la table. Ils ont choisis les invités et ils étaient TOUS exclusivement du milieu des affaires ou du minstère...Pourquoi pensez-vous? Parce qu'écologistes et autochtones sont des irritants, des cheveux dans la soupe, des ralentisseurs de projets, sinon des empêcheurs d'opérer. Des gens plus coûteux que payants. Et la présence des gens d'affaires autour de la table trahissait une seule chose: les libéraux n'étaient qu'intéréssés par l'appât du gain, prêt à se laisser charmer par les chiffres, prêt à demander à ses chiffres de dicter les lois. Ce qui nous amène au second point.

-L'urgence soudaine:
Une urgence commandée par l'envie (le mirage?) de faire des gros sous et vite. Mais est-ce que tout type de développement est souhaitable en soi? Qu'est-ce qui garantit qu'on ne s'appauvrira pas dans le processus? Peut-on prouver que nos ressources ne seront pas épuisées avant l'heure? Et si elles le sont, seront-elles renouvelables où laisseront nous des puits secs?
En somme, comme nous connaissons les libéraux, imparfaits à bien des niveaux, ont-ils bien fait leurs devoirs? Si oui, pourquoi la ministre Normandeau, qui a voulu quitter avant la présentation du projet, qu'on a retenue, qui s'est sauvée le lendemain de la présentation du Plan Nord qu'elle nous tendait; pourquoi fuir comme la peste un projet dont on serait si fiers?

Cette gestion rappelle celle de l'implantation des gaz de schiste et des compteurs intelligents: des horreurs en terme de clarté publique.
Autant de fumée qui paraissent à la fois faire écran et à la fois être des signaux d'alarme de la part des premières nations flairant le danger.
-La nébuleuse rentabilité pour le Québécois
On parle de création d'emploi mais une dame racontait encore l'autre tantôt que quand son mari a appliqué, on l'avait refoulé car la compagnie avait déjà atteint le 20% d'emplois accessibles aux Québécois...20%?  Si toutes les companies n'offrent que 20% d'emplois ici et fournissent le reste on parle alors de fly-in/fly-out. Le concept du fly-in/fly-out est le suivant: on importe des travailleurs qui viendront puiser dans les richesses naturelles jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus puis on les ramène dans leur pays d'origine quand ils ont vidé la ressource. C'est très courant en Australie dans le secteur des mines justement. Les mines c'est ce qu'on compte explorer dans le Nord du Québec.

-De futures villes fantômes alors?
La malédicition des ressources naturelles est que la transformation ne se fait pas toujours sur place. Elle se fait dans la phase "fly/out. Le Québec c'est le lac mais surtout (peut-être) les poissons mais on cuisine ce qu'on y pêche ailleurs. Et les villes deviennent fantômes. Shefferville, Val Jalbert, Labrieville, Gagnon, Murdochville, St-Jean Vianney (pour cause de catastrophe naturelle celle-là toutefois) sont toute fantômes au Québec. Quelles autres dans 25 ans au Québec?
Car le contrat du Plan Nord c'est 25 ans. À l'an 26, qu'est-ce qui arrive? Le boum économique sera-t-il important pour ces villes? Pour le gouvernement? Pour les entreprises locales? Étrangères?

Le chantier d'une génération...on parle de laquelle?
Je suis tout à fait en faveur de l'idée que le Québec se doit de trouver des manières de faire de l'argent. Exploiter le Nord? peut-être. J'aimerais beaucoup croire au klondike nordique.
Mais comme les Libéraux comptent le faire?
Les mêmes qui sont si médiocres dans leurs discussions sur les frais de scolarité que l'on veut faire avaler aux étudiants?
C'est moi où il y a plus d'os que de poulet dans ce projet?