Fouad LAROUI est l’un des rares auteurs marocains francophones qui ne semble pas écrire pour plaire à un public étranger et notamment français.
Son oeuvre est assez inégale mais elle demeure authentiquement marocaine.
Dommage, dans son dernier opus LA VIEILLE DAME DU RIAD, paru en août 2011 chez les éditions JULLIARD, notre ami Fouad semble avoir cédé aux sirènes de la “littérature exotique”.
Le sujet de ce roman aurait pu donné lieu à un récit bien construit et surtout bien écrit : un couple de français vient s’installer à Marrakech.
Autour du problème personnel de cecouple, se greffent tous les ingrédients d’un grand roman!
Sujet d’actualité, créant polémique au Maroc comme en France. Mystère du Maroc profond face à la modernité des étrangers. Marocains divers et multiples dans leurs habitudes, leurs comportements. Histoire complexe et compliquée des relations maroco-françaises ou franco-marocaines durant le XXème siècle.
Pourtant, Fouad LAROUI réussit l’exploit de rater son ouvrage.
Les personnages sont falots et stéréotypés : le couple de français est transparent, sans aucun intérêt.
Les personnages marocains sont de véritables caricature de la réalité, dans leur description, dans leur comportement, dans leur façon de parler.
Comment Fouad Laroui a-t-il pu imaginer un agent immobilier aussi clownesque que le “semsar” auquel ont affaire François et Cécile? C’est à croire que l’auteur n’a jamais entendu un marocain lambda parler français. Non franchement, un marocain lambda qui utilise des mots comme “quérir” ou des expressions comme “dès potron-minet”, je ne crois que l’on en croise pas des masses, ni à Marrakech, ni ailleurs!
Je ne parle pas du professeur, ni du commissaire de polie, moustachu comme de bien entendu, ni du chaouch posté devant le bureau du commissaire – en fait, ce n’est pas un chaouch mais un agent de police, mais passons, ce n’est pas le plus important. Je ne parle pas non plus du consul de France, plus rond-de-cuir que le pire fonctionnaire de la métropole.
La trame du roman s’articule autour d’une vieille dame que le couple découvre dans leur nouveau riad, comme oubliée par les anciens propriétaires des lieux. Dommage que Fouad LAROUI, dans le traitement de ce que l’éditeur présente comme une “fable tragicomique” ait préféré le coté “comique” – mais un comique poussif et laborieux - à l’aspect “tragique” – la disparition d’un fils dans une guerre qui n’est pas la sienne – .
Finalement, la lecture de ce roman laisse un arrière-goût assez amer d’inachevé ou plutôt de négligé. Fouad Laroui nous avait habitué à mieux, du temps où il n’était pas encore sous les feux de la notoriété.