Magazine Sport
Terdav Trail World Tour, St Jacques, 8e étape: à travers l'Aubrac et les gouttes d'eau...
Publié le 30 avril 2012 par Sylvainbazin
Encore une étape marquée par une météo plus que capricieuse. Je commence à m'y habituer mais tout de même, j'ai été gâté aujourd'hui en traversant l'Aubrac. J'ai pourtant quitté Saugues ce matin, après un petit déjeuner en compagnie de mes deux randonneurs hollandais, sous un soleil de bon aloi. Mais il a bien vite commencé à jouer à cache-cache avec la pluie.
Le début de mon parcours est facile, à travers les plateaux et les hameaux. C'est bien calme. Je double quelques randonneurs partis devant moi, les jambes vont bien et le moral aussi. Je rattrappe bientôt les hollandais. Un peu plus loin, un pélerin me dépasse à son tour. Il est sur un vélo. Je le rejoins ensuite, dans une côte, où il s'accorde une pause. C'est un noble vieillard à la barbe de Méphisto qui me fait penser au "diablo" du tour de France. La pluie tombe une première fois, ce n'est qu'un avant-goût. Le soleil revient et je me demande même si je ne dois pas quitter ma veste. Mais c'est le genre de question qu'il faut éviter de trancher trop vite aujourd'hui. Le vent ramène bien vite des nuages et la pluie, sa plus fidèle compagne aujourd'hui.
Je rattrappe encore un groupe de marcheurs. L'un d'entre eux m'interpelle: il s'agit de Marc, un ami d'amie (en l'occurence de , une traileuse) qui avait été prévenu de mon passage et m'avait même contacté via Facebook. Il est parti avec quelques amis du Puy samedi et s'arrête à Saint-Alban ce soir. Il abandonne un moment ses compagnons de marche pour faire un bout de chemin avec moi. Marc est médecin, à Paris, et également très impliqué dans le club de triathlon du Paris Racing. Notre discussion tourne donc autour de ce beau sport, ainsi que de la course et bien entendu du chemin de St Jacques. Il s'arrête en haut d'un petit col pour attendre ses amis. Notre agréable discussion m'a amené tout près du domaine du Sauvage, où je décide de m'arrêter pour déjeuner. Le lieu, un bâtisse imposante planté au milieu du plateau, porte bien son nom. Le déjeuner y est correct, le service un peu lent. J'y suis rejoins par Marc et ses camarades, ainsi que par un marcheur qui aujourd'hui fait la même étape que moi. Dehors, il pleut maintenant des cordes.
Le temps de finir mon repas et le soleil est revenu. Je pars à une bonne allure car le chemin, un peu à l'abri dans les conifères, est vraiment roulant. Je trottine et marche vite. L'étape n'est pas trop longue (47 kms) et j'espère ne pas arriver trop tard afin de récupérer un peu et de prendre mon temps.
La météo va bientôt m'inciter à ne vraiment pas traîné: le ciel se couvre, et sur un long passage à découvert comme l'Aubrac aime en offrir, j'essuie, à la manière d'une éponge, une averse très violente. Je cours, surtout pour ne pas avoir froid car la température ne doit pas dépasser les cinq degrés. Le soleil, qui semblait avoir perdu la partie, revient toutefois un peu plus tard. J'en profite pour admirer et photographier quelques vaches aubrac aux cornes impressionantes.
J'ai déjà passé Saint-Alban et me rapproche d'Aumont Aubrac, mon arrivée du jour. Les chemins sont souvent transformés en ruisseaux, je me mouille à nouveau les pieds. Mes talons ne m'ont cependant guère fait souffrir aujourd'hui: j'ai superposé deux chaussettes pour mieux les protéger... Il va juste falloir gérer cet aspect pour la lessive!
La pluie ne veut décidément pas me laisser tranquille, et je me trempe encore sous deux averses. A peine le temps de sécher et c'est reparti. Je connais aussi un petit coup de barre dans la dernière heure de marche, mais rien de bien méchant. J'arrive à Aumont, où je peux admirer les belles constructions bien conservées, à 17h30. J'y trouve facilement le gîte du "chemin fleuri" où l'accueil est cordial. Je partage ma chambre avec deux randonneurs qui ont pour but l'un Saint jean et l'autre Compostelle, à leur rythme. Nous dînons d'un excellent aligot et truffade, les spécialités locales bien reconstituantes, en parlant de nos différents rythme de marche et de Saint-Quentin en Yvelines, lieu d'habitation de Philippe, l'un de mes deux colocataire du soir, et mon lieu de travail dans une vie précédente... Enfin c'est la même, mais j'ai fait des choix. C'est d'ailleurs aussi un peu ce que j'explique à un gentil couple venu de Montélimar qui me disent que vivre de ma passion doit être une expérience extraordinaire. C'est bien entendu le cas, mais cela nécessite une petite prise de risque, et parfois aussi quelques peines.
Mais se sentir libre de marcher sur les chemins d'Aubrac ou d'ailleurs n'a pas de prix... Je reviendrai plus tard sur le sentiment de liberté qui m'habite souvent et de façon encore plus forte qu'auparavant, depuis que j'ai entrepris de marcher sur ce chemin de Saint-Jacques. Car dans le flot de mes pensées, ce sentiment là est un des dominants. Entre espoirs, beaux souvenirs de rencontres récentes ou plus anciennes, souvenirs de courses ou de voyages, et aussi, quand ça moins bien, de quelques déceptions ou craintes, mes pensées tourbillonent comme le vent sur le plateau depuis que je marche ainsi. Mais dans l'ensemble, je me sens assez serein.
Demain, c'est le 1er mai et quelques amis vont venir m'accompagner sur une étape assez brève jusqu'a St Chély. Je vais donc pouvoir récupérer un peu sans doute et j'espère, profiter du beau temps annoncé!