Avant l’édifice, c’était le chaos, un Édifice aux murs immobiles, lisses, indestructibles en ce Béton Total. Notre narrateur est enfermé dans une pièce-cellule au 804 du 5969e étage de l’Édifice. Deux compagnons de vie, un père agressif, une mère soumise, deux occupations : dormir ou feindre de dormir.
«Un Autour de moi, ailleurs dans tous les logis, des milliers de semblables étaient également isolés, immobilisés dans leurs dortoirs, immergés dans le même processus éducatif. On naissait pour entretenir l’Édifice et chacun apprenait à imiter père et mère, à reproduire les gestes, à penser similaire. Les plus lourds se préparaient à devenir commis de sécurité, les plus nerveux des agents sanitaires, les plus lents des préposés à l’assainissement. J’allais assurer répétition jusqu’à putréfaction.
Pendant une interminable période, j’ai dormi ou feint le sommeil, j’ai avalé nutriments, observé suicides et assassinats, simulé rénovation ou désinfection, répété mêmes gestes au même endroit, boucle incessante, répétition automatique. Jusqu’a ce que survienne l’événement qui allait provoquer ma disparition.
Alors une question a surgi, un tout petit mot au cerveau : Pourquoi ?
Karoline Georges, écrivaine et artiste multidisciplinaire nous présente un roman d’anticipation, une mixture sci-fi originale, un regard futuriste très pessimiste, non sans réveiller des souvenirs de La matrice, Le soleil vert, 1984, Le meilleur des mondes, et tout dernièrement L’enquête de Claudel. Un roman difficile, complexe, claustrophobe s’abstenir.