Seishi Kishimoto, à l'origine de ce manga, est le frère de Masashi Kishimoto, auteur du blockbuster Naruto. Ce qui pourrait expliquer bien des similitudes s'il ne les excusait par une éducation et une passion communes. En revanche, il ne me semble pas qu'Akira Toriyama soit de la famille, ce qui n'empêche pas son Doragon Bōru d'être une influence prépondérante des deux frangins. Sauf que Seishi, plutôt que de l'assimiler, l'a simplement maquillée : un jeune garçon niais qui cache au fond de son être une créature destructrice (Jio, sosie de Son Gokū, gel Vivelle Dop compris), une rencontre avec une aventurière (Ruby, sosie de Bulma), un sidekick moins balèze pour la caution comique (Ball, sosie de Kuririn avec des dreadlocks), un maitre farfelu vite dépassé, une Terre exotique, de l'énergie spirituelle à concentrer (comme le ki de Doragon Bōru et le chakra de Naruto)... Ça commence à peser.
Heureusement, deux particularités sauvent 666 Satan du plagiat éhonté : la présence d'objets magiques, les O-Parts, et d'une caste d'individus pouvant les manier, et les deux Cabales, des armes qui abritent une hiérarchie de dix démons pour l'une et autant d'anges pour l'autre, activement recherchées par les forces en présence. La touche judéo-chrétienne en somme, malheureusement insuffisante pour faire oublier les designs quelconques et les dessins honnêtes mais pas franchement élaborés qui plombent les premiers tomes. Oui, j'ai bien écrit "premiers" et c'est là que je voulais en venir avec cette liste accablante : 666 Satan s'améliore remarquablement au fil des tomes. Les traits gagnent en précision, le ton se durcit, l'action se spectacularise, bref, sans bouleverser le genre, la série devient un peu plus respectable. Évolution encore plus flagrante dès le quatorzième tome (ha ça, faut de la patience), caractérisé par un bond temporel en avant. Du coup, il est presque dommage que la série n'en compte que dix-neuf au final. Mais en fait non.
666 Satan (Square Enix)
- 2001-2007Verdict du Père Siffleur