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Au moment où le gouvernement Charest présentait, en compagnie de la ministre Beauchamp, son offre aux étudiants ainsi qu’à la population, dont l’étalement de la hausse de 1 625 $ sur sept ans au lieu de cinq, le journaliste financier de Radio-Canada, Gérald Fillion, y allait dans son blogue (http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2012/04/27/hausse-de-82-sur-7-ans-le-calcul/) d’un calcul qui montrait qu’avec cette nouvelle offre la hausse se chiffrait désormais à 1 778 $, ce qui représentait au final une augmentation de 82 % des droits de scolarité. Comme une traînée de poudre, les anti-hausse se saisirent des chiffres du chroniqueur pour dénoncer la «hausse dans la hausse».
Or, le calcul de Gérald Fillion, qui est aussi celui de plusieurs, dont les anti-hausse, est erroné. Le problème principal provient de ce que les montants ne sont pas actualisés. En effet, il est bien connu que l'argent perd de la valeur au fil du temps. Plus tu reportes un paiement dans le temps, moins celui-ci représente une charge importante. Si j’ai le choix entre payer maintenant 1 000 $, le payer par tranche de 100 $/an sur 10 ans ou le payer dans 10 ans, je souhaiterai payer dans 10 ans car la valeur aura diminué et le paiement a une valeur moindre à mes yeux actuellement! Les moments où les montants sont payés importent. La valeur de l'argent n'est donc pas fixe dans le temps. Il faut donc l’ACTUALISER.
L'actualisation est un concept financier visant à prendre des montants d'argent dans le futur tout en les ramenant en date d'aujourd'hui afin de pouvoir procéder à des comparatifs équivalents. Comme aucune notion d'intérêt ne s'applique pour les frais de scolarité, le calcul est simplifié. On ne parlera alors que de l'inflation. Celle-ci est facile à prévoir; elle se situe aux alentours de2 %/an (point central de la cible de la Banque du Canada).
À l'aide de formules, ou d'une simple calculatrice financière, on prend le montant total qu'un étudiant entrant à l'université en 2017, soit : 2 168 $ de frais déjà existants + 1 625 $ de hausse complète. On dira donc que la somme nominale de ces deux montants est de 3 793 $.
Or, il faut convenir que 3 793 $ en 2017 ce n'est pas la même somme que 3 793 $ en 2012. Pour faire une analogie, un individu qui gagnait 1 000 000 $ en 1980 était beaucoup plus riche qu'un qui gagne 1 000 000 $ aujourd'hui. C'est pourquoi il faut transformer cette valeur nominale en valeur réelle d'aujourd'hui à coût de 2 % / an.
Soit les équations :
(1 625+2 168) x (1 + 0.02)^-5 = 3 435 $ en argent d'aujourd'hui selon le scénario sur 5 ans.
(1 778+2 168) x (1 + 0.02)^-7 = 3 435 $ en argent d'aujourd'hui selon le scénario sur 7 ans.
On compare un étudiant en 2018 qui paiera son 2 168+1 778 en le transformant à la valeur de 2012. Donc, ici, on compare, d'égal à égal deux valeurs qui étaient fondamentalement différentes au départ. On se rend compte que la valeur actuelle est exactement la même.
Or, ce que fait M. Filllion c'est qu'il compare des montants nominaux bruts sans le moindre ajustement. Il n’actualise pas. C'est incomparable et contraire aux règles de la finance de base. Le calcul de M. Fillion est donc erroné et la hausse est exactement la même dans les deux scénarios.
D’abord, le chroniqueur compare un montant dans 5 ans et celui dans 7 ans. Par ailleurs, il n’actualise pas les flux de trésorerie. Enfin, il présume que dans le scénario de 5 ans les frais ne seraient pas indexés la 6e et 7e année ou, du moins, il omet ce détail important dans l'analyse (c'est ce qui lui permet de parler d'une hausse de 82 % au lieu de 75 %). Conclusion: La hausse est exactement la même au bout de 7 ans. Cependant, chaque année, sauf l'année 7, les frais à débourser seront MOINDRES. Avec un taux d'actualisation de 2 %, la valeur actualisée nette de ces économies est de 1 125,46 $.
Enfin, prenons note que le calcul de Gérald Fillion ne prend pas en considération le revenu familial de l'individu et l'impact de l'augmentation des bourses ET du crédit d'impôt fédéral et provincial. Le tableau suivant illustre le tout, hormis l’impact des bourses et du crédit d’impôt, éloquemment.
Note: Ce texte a été rédigé en collaboration avec plusieurs membres du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec, dont Jasmyn Beauséjour. Qu'ils soient toutes et tous remerciés.