Quel étrange livre ! Mais quelle fascination aussi, bizarrement douce, à l'évocation de toutes ces disparitions qui jalonnent la vie de la narratrice, comme autant de passages... Pourtant, ils sont souvent d'une violence insoutenable, ces décès, quand on y réfléchit un tant soit peu, terriblement injustes.
Apparemment, Valérie Mréjen a écrit ce texte, cet inventaire partiel qui passe sans transition d'une histoire à une autre, en se référant notamment aux débuts d'épisodes de la série "Six Feet Under", et aussi à une phrase de Mirelle Havet dans son journal de 1918, "...et je suis pleine de morts comme une crypte, pleine de souvenirs et de rêves".
Histoire de revenants donc, comme cette femme qui - à un moment - se promène aux côtés de celle qui raconte. Histoire d'esprits nous cotoyant. Histoire du temps qui passe. Histoire de ce qui n'est plus. Forêt noire est tout cela.
Une lecture spéciale qui ne demande rien au lecteur, sauf de se laisser envoûter.
"Cela vous fait penser à quoi ?
Aux fantômes.
Mais encore ?
A des cerises sur un gâteau.
Oui.
Un gâteau d'anniversaire, qui porterait le nom d'une forêt épaisse et peuplée de fantômes.
Et puis ?
A des couleurs, comme dans un conte : noir comme l'ébène, rouge comme le sang, blanc comme la neige."
Editons Minuit - 10€ - Mars 2012
http://valeriemrejen.com/folio/
Cathulu l'a lu et nous propose une vidéo que je vous rajoute ici