L’AC Milan s’est imposé sans trop de difficultés (1-4) à Sienne, notamment grâce au retour de Cassano titulaire, auteur d’une grande prestation couronnée de deux passes décisives et un but. C’était également le match du retour comme titulaire de Boateng et dans une moindre mesure Gattuso, qui avait joué contre Chievo mais était visiblement hors forme, contrairement à hier où il a mieux joué. Retour de joueurs importants, retour d’une victoire nette. C’est toute la symbolique de Sienne – Milan qui augmente les regrets d’une saison qui aurait pu être extraordinaire…
En quelques sortes, elle l’a été… mais pas spécialement comme on l’aurait voulu. Une saison extraordinairement malchanceuse sur le plan des blessures (et de l’arbitrage), avec notamment deux véritables drames humains qui ont frappé Gattuso et Cassano, deux blessures rares et pratiquement simultanées, qui vont au delà du football : du jamais vu? Gattuso et Cassano incarnent la grinta et la classe dont Milan a manqué durant les moments difficiles. Mais Milan a du faire face à une saison épuisante physiquement et nerveusement avec un nombre d’hommes trop limités tout au long de la saison, comme l’a aussi souligné Bonera : « Ne pas pouvoir effectuer un minimum de turn over lors des moments où on jouait tous les trois jours nous a pénalisé » Maintenant, Milan se retrouve pratiquement au complet et semble enchainer les victoires mais malheureusement, c’est trop tard. C’est l’ironie du sort, un symbole d’une saison vraiment tordue, pleine de regrets et de fatalité.
Une saison extraordinaire comme celle de Cassano, qui éclaboussé Sienne de sa classe après avoir vécu la peur de mourir il y a six mois, alors qu’il vivait la meilleure saison de sa carrière. Hier encore, il a prouvé être un danger permanent pour les défenses adverses et être un joueur fondamental, le seul qui s’adapte à la perfection avec Ibrahimovic. Ce duo fait des merveilles et on ne peut que penser sans cesse quelle aurait été la saison de Milan avec lui… lui qui a une qualité technique supérieure, qui inspire la manoeuvre offensive milanaise et aurait fait un bien fou à une équipe construite avec trop peu de joueurs techniques et intelligents.
Une saison extraordinaire comme celle d’Ibrahimovic, qui a battu son record personnel de buts en Serie A : 26 buts, alors qu’il était arrivé à 25 avec l’Inter. Il est le meilleur buteur de Serie A et a aussi battu le record de monstres sacrés comme Shevchenko (24 buts) et Van Basten (25 buts), seul Nordhal a mieux fait avec 38 buts en 1951. Paradoxalement, cette saison risque d’être la seule durant laquelle Zlatan n’a pas été champion avec son club. Ce record combiné à cette info fait comprendre à quel point la saison est maudite. Et puis ce n’est pas un hasard s’il a marqué de nouveau un doublé lors du retour de Cassano titulaire…
Une saison extraordinaire comme celle de de Nocerino, qui a incroyablement progressé cette saison et est devenu fondamental pour Milan alors qu’il n’était qu’un simple remplaçant de remplaçant, arrivé pratiquement par hasard en toute fin de mercato. Personne n’aurait pu imaginer le voir arriver à 10 buts, ce qui le rend le milieu de terrain italien qui a marqué le plus cette saison mais aussi le second meilleur buteur de Milan derrière Ibrahimovic (ce qui prouve cruellement la saison transparente des Brésiliens…). Sérieux et humble, toujours au service du groupe, timide en dehors du terrain, il se transforme en un Diable sur la pelouse et prouve son amour pour Milan en embrassant l’écusson de Milan. Une révélation comme on les aime, une véritable idole.
Malheureusement, ce ne sera très certainement pas une saison extraordinaire pour l’AC Milan mais plutôt une saison sous le signe de la malchance, des regrets et de la fatalité. C’est aussi une saison qu’il faudra rappeler pour la force d’un Milan qui n’abandonne jamais malgré les mille et une difficultés. C’est aussi l’avis d’Allegri : « Je crois qu’on vit un beau championnat, on essayera de mettre la pression sur la Juve jusqu’à la fin. Puis, s’ils arriveront premiers, il auront démontré avoir été les plus forts. On doit y croire et on ne doit pas finir le championnat loin de la Juventus. Cassano a mérité une telle journée. Au niveau technique, on ne peut pas le discuter. Au niveau physique, il a beaucoup travaillé et sa condition physique ne fera que progresser : il fera un grand Euro. »
A Sienne, on aurait pu vivre la chute définitive du Milan d’Allegri. Les premières minutes n’ont pas été rassurantes, avec une équipe prévisible, l’Ibrahimovic des dernières semaines… et puis, comme toujours dans le football, un épisode a changé la rencontre : un ballon non maintenu par Brkic et poussé par Cassano dans le but. Ce but a bouclé la terrible boucle, commencée fin octobre et qui a duré six longs mois. Le but de FantAntonio a aussi eu le mérite de libérer Milan, plus bloqué psychologiquement que physiquement, à l’image de Zlatan Ibrahimovic, démotivé ces dernières semaines, probablement par les résultats et les mauvaises prestations (mais aussi une équipe pas à la hauteur de son talent, incapable de le soutenir un minimum), mais qui a subitement fait son retour, accompagné de son ami et partenaire idéal. Les regrets… A Turin, ils ont vécu une saison exceptionnelle, miraculeuse pour reprendre le terme de Conte car s’ils remportent ce Scudetto, c’est parce que tout a tourné en leur faveur tout au long de la saison, les (f*****) disgrâces milanaises y compris. Allegri a commis quelques erreurs, il est inutile de le nier mais le bilan final ne peut pas être négatif : la société devra faire son possible pour garder son entraineur, contraint de travailler dans des conditions extrêmes cette saison, entre blessures constantes, arbitrages discutables et un mercato low low cost. Sans une de ces trois variables, Milan aurait probablement fêté son second Scudetto consécutif. Alors cela vaut-il la peine (aussi économiquement parlant) de virer l’entraineur, effacer tout ce qui a été réalisé et repartir une nouvelle fois à zéro? Galliani connait la réponse et fera son possible pour que Berlusconi confirme Allegri et surtout, lui accorde sa confiance totale. Oui, totale. Pas une confiance qui serait remise en question dès le premier revers de l’équipe, cela serait contreproductif pour tout l’AC Milan. Mieux vaut acheter de vrais milieux de terrain et construire une équipe compétitive que de changer d’entraineur qui n’a jamais pu travailler dans de bonnes conditions et qui a gagné un Scudetto lorsqu’il en a eu l’occasion…
Allegri, un entraineur discuté mais qui ne se sent pas en danger : « Aujourd’hui il était important de gagner, en espérant que la Juve laisse quelques points mais c’est difficile. Nous, on n’a rien à nous reprocher. J’ai un excellent rapport avec Berlusconi, on s’est encore parlé ce matin, on se téléphone deux fois par semaine et il n’y a aucun problème, le rapport est excellent. Je suis en contact quotidien avec Galliani et je suis très bien ici. En deux ans, on a gagné un Scudetto et une Supercoupe on est en course pour le second Scudetto et on a disputé une bonne Champions League, avec le regret de ne pas avoir pu disputer la seconde mi-temps à Barcelone à certaines conditions. Je suis serein et donc je n’ai aucun problème. Je suis déçu que ces derniers temps, on ait parlé plus de moi que de Milan, ce n’est pas bon pour l’équipe, qui est en course pour le Scudetto. Malgré cela, l’équipe réalise une grande saison parce qu’en phase de difficulté numérique, on a remonté la Juventus. Après deux matches contre Barcelone, je n’avais pas le nombre de joueurs nécessaires pour gérer ces matches de manière différente. Quand tu joues certains matches, c’est normal de tenter ta chance à fond, surtout lors du match retour alors qu’on avait de bonnes chances. Ensuite, on a payé l’élimination face à la Fiorentina. Puis l’aspect mental a fortement influencé le match face à Bologne. De manière générale, on paie les points perdus lors des premiers matches, 5 en 5 matches.
En considérant les blessures et les erreurs arbitrales, je crois que Milan a réalisé une très bonne saison. Mes joueurs ont tout donné et continuent à le faire malgré tout. Il faut améliorer de nombreux aspects. Tous les top players ont des qualités et des défauts mais moi je garde les miens près de moi. Sur les blessures, je ne pense pas avoir de responsabilités. Celle de Boateng, on l’a risquée alors que celle de Thiago Silva aurait pu être évitée, j’avoue. Pato rechute sans cesse depuis un an et on espère qu’il réalisera une grande saison l’année prochaine parce qu’il a des qualités énormes et il nous a manqué. Malheureusement, les absences de Gattuso et Cassano n’étaient pas imaginables, ni celles de Flamini et Yepes. Quand il manque ces joueurs, c’est plus difficile et malheureusement on a du s’en passer une grande partie de la saison. Pirlo a peu joué avec nous la saison passée. C’est un champion, il a tout gagné ici. Mais ce n’est pas certain qu’il aurait aussi bien joué chez nous cette saison parce que l’équipe n’est pas construite autour de lui. Il voulait un contrat de trois ans et la société n’a pas voulu déroger à la règle. Andrea est un grand champion et l’avait déjà démontré ici mais on n’a aucun regret. Être viré à la fin du championnat? Ce sont des rumeurs que vous avez lancé mais il n’y a rien de concret. J’ai un contrat jusqu’en 2014. Je resterai à Milan la saison prochaine, j’en suis sur à 100% »
Allegri semble être certain de continuer son aventure à Milan, son rapport avec les dirigeants est bon et serein. Ils est convaincu de pouvoir mieux faire avec un peu plus de chance, certain de pouvoir démontrer toute ses qualités en profitant au maximum du potentiel de l’effectif de la saison prochaine. Les rumeurs concernant son futur ne se calmeront pas, accuser et jeter la pierre sur Allegri est devenu l’activité préférée d’une partie des tifosi et de la presse. Cela peut paraitre naturel avec un Milan qui a laissé filer le Scudetto alors qu’il semblait si certain mais les circonstances sont trop nombreuses pour ne pas en tenir compte. La certitude d’Allegri semble être celle d’une personne qui est convaincue d’avoir raison, pas par fierté personnelle, mais comme la certitude de quelqu’un qui ne risque vraiment rien.
Allez, encore trois matches à disputer, avant tout pour l’honneur car la Juve ne semble pas vouloir s’arrêter. Le Scudetto semble déjà assigné mais Milan ne peut pas abandonner. Les Rossoneri doivent se battre jusqu’à la fin, c’est aussi une question de principe fondamentale. Seule la mathématique nous condamnera (clin d’oeil aux étudiants). Après plusieurs prestations catastrophiques, Milan a montré des améliorations et continue à se battre avec orgueil pour au moins, finir la saison en beauté même si elle laissera un gout amer et qu’il faudra un bon bout de temps pour pouvoir s’en défaire, car cette saison pouvait et devait se terminer autrement. L’AC Milan ne veut pas abandonner car même si le Scudetto semble très loin et déjà perdu, on ne peut pas se permettre davantage de remords, dans le cas où la Juve ralentirait. Les Rossoneri doivent être soutenus et applaudis pour ce qu’ils ont réalisés. Maintenant, on ne peut que terminer en beauté, en espérant un improbable miracle, car comme toujours, l’espoir est le dernier à mourir…
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