En cette période faste de sortie d’un nouveau parfum (“La Petite Robe Noire, enfin!) et d’une nouvelle collection (“Terra Azura”), n’oublions pas les grands classiques de Guerlain. On fait place à la nouveauté, certes, mais rien ne vaut un petit voyage dans le temps pour retrouver des fragrances qui n’ont pas pris une ride. “L’Heure bleue”, considéré comme le Graal de nombreuses perfumistas, en fait partie.
Créé en 1912, ce grand frère de Shalimar est, à l’instar de “Chypre”, une création de Jacques Guerlain qui s’était laissé séduire et influencer par le travail de François Coty lorsque celui-ci créa “Chypre”. La structure de l’”Heure Bleue” rappelle sur de nombreux points celle de Coty : des matières naturelles (ylang ylang, bergamote, néroli), mêlées à de nouvelles bases composées de molécules synthétiques reconstituant des odeurs naturelles (l’Iralia, qui contient des méthyl-ionones à l’odeur de violette ou encore la Dianthine qui reproduit une odeur d’œillet grâce à l’eugénol). Elle diffère sur ce seul aspect d’une importance ô combien capitale : “Chypre” était violent, brutal et difficile à porter. C’est là que la touche “Guerlain” change toute la donne et fait de loin la différence.
“L’heure bleue” est légère, équilibrée et subtile. Un véritable extrait de miel et de fleurs au service d’une composition florale tonique et chaleureuse. Un parfum qui confère une élégance naturelle à toutes les femmes; un classique déroutant qui flirte harmonieusement avec la modernité et peut être porté par toutes les générations. Toujours fidèle à cette touche orientale qui caractérise de nombreux parfums Guerlain, cette fragrance possède le caractère typé de Shalimar. Trois types de notes florales surprennent dans l’”Heure bleue” : la rose romantique, des accords boisés mystiques en résonance avec les épices et aromates (clou de girofle), auxquels Jacques Guerlain a ajouté des notes sensuelles comme l’iris et l’héliotrope. Le fond de l’”Heure Bleue” est onctueux comme une crème grâce à la vanille, le santal et le musc.