Magazine Accessoires

La maison Muette de John Burnside

Publié le 30 avril 2012 par Patoune @helleane

Premier roman d’un jeune poète écossais, LA MAISON MUETTE est un roman hors norme, loin des conventions et que je qualifierais de roman  singulier orienté science-fiction glauque car hyper, supra dérangeant.

La maison Muette de John Burnside

Histoire : Un homme, un monstre, qui veut faire une expérience sur ses deux enfants, des jumeaux. Enfermés dans une cave sans aucun contact avec la parole humaine comment vont-ils se développer, vivre, communiquer. En soutien de ce fait, la mise en place progressive de la folie, et l’observation des enfants tels de petits rats de laboratoire, et le parcours mental d’un homme totalement barge, obsédé par une idée: Quel moyen de communication peut développer un être coupé de toute parole et élevé dans un environnement sans parole humaine.

Avant d’en arriver là, l’écrivain raconte son enfance, ses difficultés de communication avec son père, sa relation privilégiée avec sa mère, sa pratique de la dissection sur des animaux vivants. Il décrit ses sorties nocturnes, son manque d’affect quand il découpe des animaux vivants juste pour voir « comment ça fait ».

Moi ça m’a fait froid dans le dos,

Ce qui est troublant c’est qu’aucune « raison » n’est avancée pour expliquer ses gestes, les choses vont d’elles-mêmes et ne nécessitant pas de précision supplémentaire. Eh bien, c’est typiquement le comportement d’un psychopathe, un savant fou, et ce livre engage aussi une réflexion sur la nature de la folie.

Avis :
Extrait ci dessous, le plus horrifique du bouquin, pour vous donner une idée. Sachant, qu’a la fin de la lecture de ce livre j’étais assez désorientée, mal à l’aise, choquée par autant de cruauté, de sadisme et de malfaisance. Mais à la fois captivée, et ravie de constater qu’ un livre ne me laisse pas indifférente et suscite des milliers de questions. En gras, ma piste de reflexion.

 » Nul ne pourrait dire que ce fut un choix de ma part de tuer les jumeaux, pas plus qu’une décision de les mettre au monde. Ces événements s’imposèrent l’un et l’autre comme une nécessité inéluctable, un des fils dont est tissée la toile de ce que l’on pourrait appeler le destin, faute d’un mot plus approprié… un fil que ni moi ni personne n’aurait pu ôter sans dénaturer le motif entier. En revanche je décidai de procéder aux laryngotomies, ne serait-ce que pour mettre un terme à leur chant continuel (si tant est qu’on puisse appeler cela un chant), ce hululement qui saturait mes journées et pénétrait mon sommeil par la moindre fissure de mes rêves. Sur le moment, toutefois, j’aurais dit qu’il s’agissait d’un acte logique, d’une étape de plus dans la recherche que j’avais entreprise presque quatre ans auparavant.., la seule expérience éminemment importante que puisse mener un être humain : trouver le siège de l’âme, ce don unique qui nous différencie des animaux ; le trouver en instaurant tout d’abord une carence et ensuite, plus tard, en procédant à une destruction logique et nécessaire. Je fus surpris de la facilité avec laquelle je pus opérer sur ces deux êtres à demi dégrossis. Ils existèrent dans un autre monde : celui des rats de laboratoire, ou l’espace mouvant et dénué de fonction du véritable autisme. « 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Patoune 18 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte