Magazine Journal intime

Où il est question d’un front et d’une tempête!

Par Vivresansargent

Mardi 24 Avril :

Et bien Lucien ! Quelle journée ! Je suis parti ce matin à 9 h de Salmiech, pour arriver à 19h à Montregard…10 heures de route pour environ 250 kilomètres ! Quelle journée ! De la flotte, de la flotte et de la flotte.

Le point à retenir, c’est ma rencontre avec ce chauffeur routier dont j’ai oublié (de vivre) le nom ! Juste après Mende que d’ailleurs, je n’ai pu visiter, à ma grande peine, un gros camion s’arrête, alors que justement je pestais, car je trouvais l’endroit où j’étais posé tout pourri, avec un gros que-dalle pour se garer ! Comme quoi, ça vaut bien la peine de se galérer, hey Roger !

Il bloque donc la route. Je monte les onze mètres qui séparent le siège passager du bitume. On se salue. Il démarre et débloque la route. Pas de coup de klaxon, nickel Michel !

Je me souviendrais de lui car, et c’est peu de le dire, nous étions…différent. Comme de nombreux Français, en cette période, on remplace le sujet de la pluie et du beau temps par celui des élections. Je m’ouvre à lui et, je l’encourage à s’ouvrir à moi. Et devine quoi ! Il s’ouvre à moi. Il me fait part de son vote FN et je l’écoute avec attention. J’espère un discours différent de celui servi à chaque fois mais, mes espoirs sont vite douchés. Il me dit qu’il y a un problème avec les étrangers. Qu’il N’EST PAS raciste, qu’il a des copains arabes mais que quand même, ils nous bouffent notre pain, les salauds !

Je le laisse parler, vider son sac.

Ensuite c’est mon tour. Il me laisse parler. Je lui dis que je ne me sens pas plus Français que citoyen du monde, qu’être humain ! Je lui rappelle qu’un jour, ce que l’on nomme les cinq continents, ne formaient qu’un seul et unique continent. Que comme la terre tourne, il y a de l’inertie. que cette inertie a morcelé cette immense plaque en plusieurs continents et que cette inertie est toujours d’actualité en ce moment même et qu’un jour, lointain certes, ces morceaux de terre se réuniront de nouveau, de l’autre côté. Les Frontières de la France ne sont que des lignes, un dessin en somme, sur une carte, sur une terre en mouvement. Qui s’amuserait à maintenir, au centimètres près, des frontières flottantes au milieu de l’océan ? C’est exactement ce que tentent de faire les partis politiques ultra-patriotiques. La France aux Français ! De quels droits peut-on affirmer que CE bout de terre que l’on nomme France, que nos ancêtres ont dessinés pour eux, avant tout, à coups d’épées et de boulets de canons dévastateurs et sanglants, appartient seulement à ceux qui naissent entres ces lignes ? Quel égoïsme ! Quelle petitesse d’esprit ! L’homme ne visionne l’existence humaine qu’a l’échelle de temps de SA propre vie ! La France est un bout de terre qui aujourd’hui est d’une forme hexagonale, mais demain ? Dans cent ans, dans dix milles ans ? Pour moi, la France aux Français, c’est aussi débile que de tenter de remplir d’eau un seau (un sot!) troué !

Il est évident que techniquement , le monde entier ne « tiendrait » pas dans les frontières Françaises. Mais, ce n’est pas le cas non plus ! L’être humain, en général, si la vie y est possible, n’a qu’un seul souhait, celui de vivre là où il est né ! J’ai la chance inouïe d’être né en France. Tous les jours je m’en réjoui ! Mais, si j’étais né au Mali, par exemple, accepterais-je les conditions de vie que l’on trouve là-bas ? Accepterais-je, sans rien dire, de voir mon fils et ma fille crever de faim ? Non ! Et toi, électeur du FN, l’accepterais-tu ? Et toi, si tu fais partie des 64% d’électeurs de l’UMP qui souhaitent des accords avec le FN, l’accepterais-tu ? N’est-il pas NORMAL qu’un être humain souhaite pour sa vie ce que toi tu souhaites pour la tienne ? Sans oublier que notre mode de vie, en France, grand pays colonisateur, ne serai pas possible si nous ne nous servions pas, avidement, comme on le fait chaque jour, dans les trésors que sont les ressources naturelles que l’on trouvent dans tous ces pays pauvres où les gens n’ont pas la peau blanche, où il n’y a que des fainéants pas intelligents qui ne méritent que ce qu’ils ont, ou plutôt ce qu’ils n’ont plus, ces cons !

Me plaindre de ma vie, en France, serait comme cracher au visage des 4/5 de l’humanité qui souffrent plus que moi ! Les empêcher de venir là où je vis (bien), serait comme leur cracher au visage ! Comme je supporterais difficilement que l’on me crache à la gueule, je ne le fais pas aux autres !

Je crois vraiment que les étrangers qui vivent en France ne sont pas LES responsables du déclin progressif de la France.

Pour terminer, je rappel quelques chiffres : La somme d’argent perdue pour l’État, d’après la cour des comptes, concernant les fraudes aux prestations sociales versées aux chômeurs et autres fainéants, représente environ 2,5 milliards d’euros (ce qui est beaucoup!). Celle due au travail au noir : environ 12 milliards et enfin, celle due à l’évasion fiscale des plus riches, de la crème, de ceux qui sont intelligents et qui se trouvent être, grâce à leur argent, des privilégiés : 16 milliards d’euros perdus pour le pays en 2010, selon le ministère des finances! Je crois que plus que l’étranger, c’est bien le système capitaliste dans son ensemble qui est responsable du déclin de nos sociétés de consommation ! Et pour finir, nous somme tous acteurs de cette société donc, tous responsables, à notre propre niveau, de son déclin. Et surtout, SURTOUT, nous sommes tous VICTIMES de cette société !

L’union fait la force. Là où règne la division, règne la haine et la terreur. Que voulons nous pour notre avenir et celui de nos enfants ? (pour ceux qui veulent voir un bon film qui traite du sujet : « Hitler : la naissance du mal ». Je ne compare pas Le pen à Hitler ! Je ne pense pas que Le pen installerait des camps de concentration avec chambres à gaz, en France, si elle avait, un jour, le pouvoir. Ce qui est intéressant de découvrir dans ce film, c’est le schéma, le fonctionnement des sociétés en crise et les parallèles avec ce qui se passe, depuis quelques années, en Europe (encore!).

Notre bonheur n’est possible que si notre voisin est heureux…

Trêve de bavardage…

Mercredi 25 Avril :

Ah, la vie à la ferme ! Aujourd’hui le troupeau, constitué de quatre vaches et de deux veaux, a…disparu ! On cherche, on cherche mais ne trouvons rien ! Pour couronner le tout, au moment de nourrir les porcs, un, m’a échappé ! Le bordel ! Le monstre fait ses 13O kilogrammes et il choisit là où il veut aller. Rien ne l’arrête ! On a beau l’attirer avec une tambouille appétissante à le rendre dingue, en vain. Marie me dit qu’il n’y a plus qu’a le laisser gambader dans la propriété, le temps qu’il se défoule. Il devrait se calmer et se rapprocher des box quand il aura faim. Ok, on fait ça ! Concernant les vaches, Dominique et Marie n’ont pas l’air de se prendre la tête. Le téléphone va bien finir par sonner. En espérant que ce ne sera pas la police.

Samedi 28 Avril : 22h et des pelles (plus de brouettes!)

Le générique de fin défile sur l’écran de mon petit ordinateur. Le film, « Un balcon sur la mer » de Garcia avec Dujardins est terminé. Pas compris le message du film. Pas compris l’intérêt, le pourquoi du film. Pas aimé la fin. Pas aimé le film.

« Demain, dimanche. J’ai rien écrit pour mon article dominical ! De quoi vais-je leur parler, Mystère et boule de gomme ! ». C’est la pensée qui me traverse l’esprit quand je me rend compte que le vent s’est invité dans le coin !

C’est impressionnant comme ça souffle dehors, quel bruit ! Pied nus, je sors de ma chambre. Superbe ! Quel spectacle ! Je suis sur le petit balcon qui donne, non pas sur la mer, mais sur la cour de la ferme. La rambarde de bois sur laquelle mes mains sont posées, vibre comme une corde de contre-basse. J’observe. Les rafales sont impressionnantes. Les portes claquent, les chaises de plastique roulent dans la cour. Le sable et la poussière se soulèvent en tourbillon. Je ferme les yeux. Je crache, ça craque sous mes dents. Le ciel est étrange. Il est balafré de deux traînées presque parfaitement parallèles. La lune est loin d’être pleine, pourtant la nuit est très claire. J’observe le ciel et j’écoute la nature depuis vingt minutes, quand je décide de descendre dans la cour, dans la fosse aux lions. Je suis attiré par les éléments comme une jeune fille l’est par une jolie robe, comme un petit gars l’est par un morceau de bois taillé comme une épée.

Le ciel est coupé en deux. A droite, il est clair, limpide, pur. Les étoiles scintillent. A gauche, il est voilé, bouché, noir. On aperçoit encore la lune. Pas pour longtemps. Le bruit est assourdissant. Pendant une rafale, je suis obligé de me mettre à genoux pour diminuer la prise au vent. Serais-je en train de vivre ma première tornade ?

Je rentre dans ma chambre. Pas d’électricité.

A ce moment, porté par mon intuition, je réunis toutes mes affaires. Tout ce qui est « précieux » est rangé dans ma veste de cuir : CB, pièces d’identité, couteau, briquet, etc. Je me dis que si ça part en vrille, cette histoire de tempête, je n’aurais qu’à mettre mes chaussures et prendre ma veste. Je serai tranquille. Souvent, quand j’arrive dans un lieu nouveau, l’une des premières choses que je fais, est de repérer un passage, une voie de sortie en cas de pépin. Pourquoi ? Je sais pas ! Je suis du genre prévoyant. Je suis rarement surpris dans la vie.

Avant de me coucher, je fais le tour du gîte dans lequel je loge. Je traverse la chambre qui donne sur la terrasse qui elle, donne sur le domaine de Dominique. Ça souffle si fort que j’ai du mal à ouvrir la porte. Dehors ça gémit, ça grince, ça tremble. Il pleut de grosses gouttes.

Soudain, un bruit « animal ». Ça doit être un cochon, en bas. Je tends l’oreille. Le bruit, de nouveau, étrange, étouffé, indéfinissable.

Puis, j’entends un son clair, net et précis : « AU SECOURS ! A L’AIDE! AU SECOUUUUURS !

Mon sang se glace. Je me mets en mode :« putain c’est la guerre! ». C’est la première fois que j’entends un appel à l’aide ! Je traverse la terrasse, d’un bond. J’aperçois deux ombres recroquevillées qui crient dans le parc à cochons.

-Que se passe-t-il ? que je leur crie à mon tour.

- Le toit du chalet c’est envolé ! Y’a le feu ! » me répond un jeune homme.

-Faîtes le tour par là, j’arrive !

Bordel. Je coure dans ma chambre, je mets mes chaussures, j’enfile ma veste et, 22 secondes plus tard je suis dehors près du couple qui loue le chalet pour la nuit. La demoiselle est en panique totale, elle gémit, elle pleure, elle a le hoquet. Je les amène dans une pièce à l’abri. Il fait noir. Je tâte le sol à la recherche d’une chaise. Je la trouve. Je la tends à la jeune fille. Je dis à son mec de s’occuper d’elle. Je leur dis qu’ils sont à l’abri et que tout va bien maintenant, qu’on va se boire une tisane bien chaude.

Je pars en courant en direction de la maison de Dominique et Marie. J’entends des tuiles qui pètent autour de moi. Je tape du poing sur le volet de la porte, je siffle de toutes mes forces et braille tout ce que j’ai. Dominique finit par m’entendre. Je lui dit ce que les jeunes m’ont dit. Je lui dit de me rejoindre au chalet.

Et je cours (je me raccroche à la vie) en direction du chalet. Oh mon dieu, le désastre ! Le toit est arraché, la maisonnette dévastée. J’ai l’impression d’être dans un film. La lumière étrange de la nuit, la pluie, le vent, le bruit, la maison détruite. Le feu dans la cheminé est violent. Le tirage est…bon ! Je me faufile dans tout ce merdier et je trouve la bonbonne de gaz que je ferme. Je trouve un téléphone portable, je fais deux pas, j’en trouve un deuxième. Je les mets dans ma poche. Je pars en courant à travers le domaine. Une bourrasque violente se joue de moi. Je me mets à genoux, j’attends que sa passe. Dominique arrive. On file dans l’atelier bois et on chope deux extincteurs. On part en courant vers le chalet. Dominique est dégoutté. Tout son travail est là, étalé sur sa terre, en mille morceaux. Son extincteur ne fonctionne pas. Je dégoupille le mien.

« Écarte toi Dominique ! » et j’envoie la purée ! Une forte odeur se répand et le feu s’éteint. C’est déjà ça de géré ! Pas de risque de rajouter du drame au drame. On fait sauter le disjoncteur. Marie arrive. Devant les dégâts, les bras ballants, elle pleure. Je lui passe une main dans le dos pour lui signifier mon « soutien ». On se retrouve, à l’abri, dans la grande pièce où j’ai laissé le couple il y a cinq minutes. Je leur donne leur téléphone. Ils sont gros Albert, euh…groggy, surtout elle (ah les gonzesses!). J’ai l’impression qu’une nuit entière vient de se dérouler. Le vent continue sa tirade. Le gars me dit qu’il veut retourner au chalet récupérer ses affaires, son ordinateur, ses fringues et le panier de son chien ! C’est marrant les détails !

On retourne donc au chalet qui est toujours aussi détruit, le con ! On récupère tout ce que l’on peut et on ramène la voiture. Quelle paix, quelle calme dans cette voiture pendant cinq minutes ! Une parenthèse dans cette folle soirée !

Tout le monde est là, dans la pièce principale. Un autre couple, qui loue une autre chambre, nous a rejoint. Pas de blessés. On séparent les chiens qui se battent comme des chiffonniers. Il y a beaucoup de tension dans l’air mais tout le monde réagis bien. On se dirige vers la maison et on va boire une boisson chaude. Personne ne se connaît, pourtant, il y a une ambiance particulière. Une ambiance chaleureuse, une ambiance de jour de tragédie. On a tous conscience que la dite tragédie que l’on vient de vivre est toute relative. Les dégâts ne sont que matériels. Certes, la jeune fille (connais pas son prénom!), a eu la peur de sa vie mais au final, tout va bien. On passe une bonne heure ainsi, a refaire le match, éclairé à la bougie. Au moment de retourner au lit, Dominique me fait un clin d’œil :

- Merci Nico ! Je reconnais en toi le scout que tu as été !

-Normal ! Bonne nuit a vous tous, à demain et vive les scouts !

The fin

 Voyager plus pour vivre plus


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