Déficit en VITAMINE D: 80% des Français ont besoin d’un grand bol d’air
Alors que la carence sévère en vitamine D reste un phénomène rare et ciblé dans la population française, 8 Français sur 10 souffrent d'une insuffisance en vitamine D, la vitamine de la minéralisation de l'os. Une insuffisance donc très généralisée, selon cette étude nationale nutrition santé (ENNS- 2006-2007), publiée par l'Institut de veille sanitaire dans son dernier bulletin hebdo. Conclusion, les Français doivent sortir au grand air, prendre quelques rayons de soleil et dire non à la sédentarité.
La Vitamine D est la seule vitamine produite dans les couches profondes de l'épiderme en cas d'exposition aux rayons UV du soleil. La carence est cause de rachitisme, de déminéralisation osseuse.
Elle intervient dans la minéralisation de l'os, elle augmente l'absorption du calcium, favorise la croissance, joue un rôle de stimulation de l'immunité innée et module l'immunité acquise.
Elle améliore aussi la performance musculaire et pourrait réduire le risque de cancer du sein et colorectal.
· Le rôle de la Vit. D dans le déséquilibre glycémique et le risque de diabète est sérieusement évoqué. En effet, la carence en Vit. D serait plus fréquente dans la population de diabétiques de type 2 que chez les non diabétiques. Elle aggraverait le déséquilibre glycémique en réduisant l'insulino-sécrétion et en altérant la sensibilité à l'insuline.
· Elle agit aussi sur le Psoriasis, maladie chronique de la peau se manifestant par des érythèmes recouverts de squames blanchâtres.
· Il existe un risque avéré d'ostéoporose avec fractures et déficit des fonctions musculaires en cas d'insuffisance d'apports ou de synthèse.
· Il existe un lien direct entre le manque d'exposition au soleil et le risque d'être atteint de la sclérose en plaques.
· Plusieurs études démontrent enfin l'intérêt d'une supplémentation en Vit. D sur les pathologies respiratoires (grippe, tuberculose, asthme).
Où la trouve-t-on ? Les sources de Vitamine D sont les huiles et la chair des poissons dits « gras » (sardines, maquereaux, thon...)
L'Étude ENNS basée sur les données sociodémographiques et de consommations alimentaires, ainsi que le relevé du poids, taille et prélèvement sanguin auprès de 1.587 adultes sans supplémentation en vitamine D fait apparaître une insuffisance généralisée dans la population adulte française :
· 80,1% des adultes présentent une insuffisance
· 42,5% un déficit modéré à sévère,
· 4,8% un déficit sévère.
· Le risque de déficit modéré à sévère est associé au fait d'être né hors d'Europe, de ne pas partir en vacances, d'avoir un niveau d'activité physique bas, d'être sédentaire et de résider dans une zone à faible ensoleillement.
L'insuffisance en vitamine D est définie, selon les recommandations de la Société américaine d'endocrinologie, par une concentration sérique en 25(OH)D<30 ng/ml. Le déficit est considéré comme modéré de 10 à 20 ng/ml et sévère en deçà de 10 ng/ml. En France 8 adultes sur 10 sont donc en deça du seuil souhaitable de 30 ng/ml. Le déficit sévère, qui correspond à 5% environ de la population correspond à l'apparition des signes cliniques de décalcification osseuse.
Les raisons évoquées dans l'étude sont, au-delà de la sédentarité,
· la latitude de la France qui implique des conditions d'ensoleillement nécessaires pour la production endogène de vitamine D suffisantes qu'entre les mois de juin et octobre et uniquement lorsque le soleil est au zénith,
· le tabagisme, même si l'association du tabac avec le métabolisme de la vitamine D demeure encore inexpliquée,
· l'absence totale de consommation qui semble liée, sans qu'on puisse l'expliquer, à un statut plus déficient en vitamine D,
· un apport alimentaire en général insuffisant en vitamine D,
· et le fait de vivre seul car c'est un facteur d'isolement social et de moindre activité en extérieur.
En France, si les déficits sévères en vitamine D restent peu fréquents et concernent surtout les groupes les plus vulnérables (faible statut socioéconomique et exposition solaire réduite), les déficits modérés touchent 80% de la population. En cause l'insuffisance d'activité physique en extérieur : Une exposition raisonnable au soleil dans le cadre d'activités de plein air ou d'activité physique devrait contribuer à réduire la prévalence des déficits en vitamine D. L'InVS précise ainsi que des pays comme l'Australie ou l'Angleterre, ont récemment adapté leurs messages de santé publique relatifs aux dangers du soleil en rappelant aussi les bienfaits d'une exposition raisonnable. En France, l'InVS appelle même au développement d'autres actions de santé publique comme, dans certains cas, le conseil à la supplémentation en vitamine D.
Source: InVS BEH 24 avril 2012 / n° 16-17 (Visuel © goodluz - Fotolia.com)