Un gouverneur avait honte des longues oreilles de son garçon. Pour ne pas que cela se sache, il faisait couper la tête aux coiffeurs trop curieux... Mais un jour l’un d’entre eux ne dit rien, garda sa tête et le lourd secret...
Le texte du conte
Il était une fois dans un pays lointain, très lointain, un hakem (gouverneur). Il avait un garçon qui avait de longues oreilles. Comme ce dernier en avait honte,
il les cachait avec une calotte. Si cette tare s’ébruite, il sera la risée de tout le monde. C’est pourquoi son père faisait appel à un coiffeur pour lui faire couper les cheveux, à domicile,
loin des regards indiscrets.
Mais un jour, le coiffeur, rongé par la curiosité, voulut savoir pourquoi le garçon avait de longues oreilles. C’est ainsi qu’il commit l’irréparable ! On le
laissa couper les cheveux, puis on lui coupa la tête pour qu’il ne révèle pas le secret. Les coiffeurs se succédèrent et posèrent la même question, et leurs têtes sautèrent après qu’ils
coupèrent les cheveux du fils du gouverneur.
Un jour, on fit venir un coiffeur, qu’on dit discret. Il vit les grandes oreilles de l’enfant, mais ne chercha pas à savoir pourquoi. Il coupa les cheveux. Mais
avant qu’il s’en aille, le père lui recommanda de garder le secret s’il ne voulait pas se faire décapiter.
Le coiffeur rentra chez lui décontenancé car le secret qu’il détenait prenait de l’ampleur et le gonflait petit à petit si bien que son corps devint trop lourd.
Pour se libérer de ce poids qui l’écrasait depuis de nombreux jours, il se rendit dans un puits et cria en se penchant vers le vide : « le fils du gouverneur a de grandes oreilles ! Le fils du
gouverneur a de grandes oreilles ! Le fils du gouverneur a de grandes oreilles ! » La grenouille l’entendit et se mit à crier elle aussi : « le fils du gouverneur a de grandes oreilles ! Le
fils du gouverneur a de grandes oreilles ! Le fils du gouverneur a de grandes oreilles ». Le pigeon venu se désaltérer, près du puits, l’entendit et se mit à dire : « le fils du gouverneur a de
grandes oreilles, le fils du gouverneur a de grandes oreilles, le fils du gouverneur a de grandes oreilles ». Le corbeau l’entendit et se met à crier la même chose. Les autres oiseaux
l’entendirent et se mirent à répéter : « le fils du gouverneur a de grandes oreilles ! ». La nouvelle se répandit dans la ville et arriva aux oreilles du gouverneur. Furieux contre le coiffeur
qui avait divulgué le secret, il promit de lui faire avaler sa langue. On le fit venir ; mais il jura et nia en avoir parlé à quelqu’un.
Le fils intervint et dit à son père que le coiffeur est sincère. Après tout, la nouvelle s’est propagée et tout le monde est aujourd’hui au courant. Cela ne sert
à rien de tuer le coiffeur. « Je suis une créature de Dieu, je n’ai pas à rougir d’être différent des autres ». Sur ce, le coiffeur fut lâché. Le garçon, libéré de sa hantise, sortait désormais
sans calotte.
Mon conte était parti avec la rivière et moi je suis restée avec les fils des généreux.
Le garçon aux grandes oreilles
Fiche pédagogique,
par un enseignant ( Maroc )
Compétences visées :
- Être capable de comprendre un conte.
- Être capable de produire un récit.
1. Découverte du conte
Lecture : lecture magistrale du professeur suivie d'une lecture silencieuse des élèves ou audition du texte sonore suivie d’une 2ème écoute si besoin est.
Questions de compréhension globale :
- Quels sont les personnages de ce texte ?
- Quelle est la particularité du garçon ?
- Pourquoi les coiffeurs avaient‐ils tous la tête coupée ?
- Cette situation va‐t‐elle durer ? Pourquoi ?
2. Exploration / Analyse
Cette phase vise une compréhension plus fine par le biais de repérages d'indices énonciatifs, thématiques, rhétoriques...
Autour du conte
Typologie : dans ce texte, l'auteur informe, raconte, décrit ? Texte narratif.
Genre : le texte est‐il un fait divers, une fable, un poème, un conte ? Conte.
Repérer les indices qui le montrent :
- Formule d'introduction : il était une fois...
- Formule de clôture : mon conte est parti...
- Le merveilleux : animaux qui parlent....
- Morale à la fin.
Observation 1ère unité de sens :
Il s'agit d'amener les apprenants par le biais de questions à comprendre que cette partie est celle de la présentation des faits.
- Que fait l'auteur dans ce paragraphe? Il présente les faits :
Personnages: le garçon, le gouverneur, le coiffeur.
La problématique, le secret (les grandes oreilles, la honte, conséquence, décapitation).
Situation (état) initiale.
Observation 2ème et 3ème unités de sens:
- Par quoi commence ce paragraphe ? Un jour : indice temporal.
- Qu'introduit cet indice ? Un changement : élément perturbateur.
- Qu'arrive‐t‐il au coiffeur ? Incapable de garder le secret.
- Pourquoi a‐t‐il choisi un puits ?
- Quelle est la conséquence ? La nouvelle se propage.
- Quelle est la figure du style employée pour montrer que la nouvelle se répand ? La répétition : « le fils du gouverneur a de grandes oreilles ».
- Enumérer les personnages qui ont colporté la nouvelle : le coiffeur, la grenouille, le pigeon, le corbeau, les autres oiseaux, la ville, le gouverneur.
- Le choix des oiseaux est‐il innocent ? Non : permettre à la nouvelle de vite se déplacer.
- Quelle est la fonction de ces deux paragraphes ? Apportent des péripéties, développent l'action.
Observation de la 4ème unité de sens:
- Une fois le secret propagé, comment réagit le père ? Colère et menace.
- Comment réagit le fils ? Acceptation, sagesse, tolérance.
- Relever les expressions qui montrent que la situation se dénoue. "intervient", "après tout", "cela ne sert à rien", "libéré de sa hantise", "désormais".
- Remplacer "ne pas avoir à rougir" : J'assume, je suis fier.
- Que constitue ce paragraphe par rapport aux autres ? Réparation, dénouement.
- Qu'est ce qui caractérise chaque personnage ?
Gouverneur : borné, tyrannique, intolérant...
Garçon (aux grandes oreilles) : sage même si jeune, calme, intelligent, tolérant...
Coiffeurs : curieux, indiscrets..
- Faire relever le décalage père‐fils : (père âgé impulsif – fils jeune sage).
Valeur
Quelle est la portée de ce conte ?
Morale : on n'a pas à rougir de soi, de ses défauts physiques, on doit les accepter.
Synthèse : Retrouver la structure narrative de ce conte.
État initial : garçon aux grandes oreilles, coiffeurs décapités.
Élément perturbateur : un jour, un coiffeur.
Péripéties : la nouvelle se répand, le coiffeur la répand sans le faire exprès.
Dénouement : le garçon assume sa particularité et le coiffeur a la vie sauve.
3. Appropriation
Autour de l'expression orale
Pendant une séance d'activité orale, engager un débat sur les particularités physiques ou psychiques:
‐ Un élève qui boite, qui bégaie.
‐ Un enfant dyslexique, handicapé. Montrer qu'on ne doit pas en rougir car en l'acceptant, on amène les autres à l'accepter, à ne
pas se moquer.
Elargir le débat : tolérance, acceptation des autres tels qu'ils sont, avec leurs différences physiques, sociales, ethniques, religieuses (le vivre ensemble).
Théâtralisation du conte
Il est possible de théâtraliser le conte par les élèves simplement en le mimant ou en le jouant.
Autour de l'expression écrite
A partir du schéma actanciel dégagé, on peut initier les élèves à la production partielle ou totale d'un conte, ceci en fournissant quelques jalons : formules d'introduction, personnages, indices temporels.
Source: www.conte-moi.net. Visitez et utilisez en classe. Il y a un monde francophone au delà de l'hexagone
« Ce conte est issu d’un travail de collecte engagé par l’association deci-dela dans différents pays de la francophonie. Le site Conte-moi la
francophonie : www.conte-moi.net, centre de ressources du patrimoine oral francophone, contient à ce jour près d’une centaine de contes
issus du Mali, de la Mauritanie, du Sénégal, du Maroc et d’Haïti et bientôt de la France dit par des conteurs locaux en français et dans leur langue d’origine.
Des fiches pédagogiques sont associées aux contes pour proposer des pistes d’exploitation avec les enfants.