C'est une exposition remarquable que celle consacrée à Matisse au Centre Pompidou, parce que, en mettant l'accent sur les paires et les séries, elle force à regarder, à vraiment regarder les tableaux comme on le fait moins évidemment devant un seul tableau. il est passionnant de rester longtemps devant les deux Natures mortes au coquillage, par exemple, et de se laisse pénétrer par l'esprit de chaque toile, par les différences et les similitudes, de tenter de percer les intentions du peintre; le catalogue, et les nombreux articles sur l'exposition le paraphrasant plus ou moins ont tout dit ou presque, ont tout analysé, décortiqué avec méthode, et je me trouve un peu en peine d'ajouter quelque chose de pertinent. Alors commençons par l'anecdotique : il se trouve que l'atelier de Matisse Quai Saint-Michel (il occupa, à partir de 1892, quatre différent studios dans cet immeuble; celui-ci au 5ème étage, fut le troisième, entre 1898 et 1909*; on voit qu'un tableau d'après 1913, comme Intérieur, bocal de poissons rouges, a été peint un étage plus bas, de son dernier studio au 4ème étage) est mitoyen de l'endroit où je vis, et que donc la bande verticale qui structure comme un fil à plomb les trois vues du Pont Saint-Michel montrées ici sont le mur extérieur de mon appartement (sur Pont Saint-Michel à Paris, effet de neige, on voit aussi le balcon).
Après ce petit intermède 'l'esprit souffle chez moi à travers le mur de mon salon', j'aimerais parler d'une seule des paires, celle correspondant à la vue de l'autre côté, vers Notre-Dame, peinte en 1914, donc du quatrième étage; le prmeier tableau
* On trouve les informations les plus détaillées sur la vie de Matisse dans sa remarquable biographie par Hilary Spurling (près de mille pages).