C’était Mieux Avant #1 : la pop de fille
Tous les quinze jours, c’est le rendez-vous des blasés ! On décortique ce qui se faisait de mieux avant. Cette semaine, on zoome sur la pop féminine et les Spice Girls.
Au paradis putassier de la pop féminine, il existe plusieurs impératrices qui souhaitent secrètement chasser Mado’ de son trône de Queen of Pop. On note la présence de Brit-Brit qui prônait la virginité, se rasait la tête et qui a néanmoins érigé un répertoire musical hors du commun grâce aux beats de « Gimme More » et aux sirènes de « Womanizer ».
Y’a aussi Lady Gaga et sa démagogie populo avec ses « little monsters » qui écoutent « Born This Way » pour s’évader et se sentir forts. Est-il nécessaire de parler ensuite de Rihanna et de ses « rom pop pom pom » qui nous donne envie de lui faire manger un rasta ? On ne s’attardera pas non plus sur Katy Perry qui n’a aucune utilité pratique si ce n’est illustrer le vide intersidéral de ses chansons.
Bref, même si ces greluches remuent nos corps en soirées très souvent alcoolisées, elles ne déchainent plus les passions. Pour cela, il suffit d’être en groupe. Enfin il suffisait, car ce n’est pas avec les Coréennes de SNSD, le girls band nouvelle génération, que l’on trouvera une consistance musicale.
Sortez vos cartes Panini des cartons car nous allons parler du plus gros groupe pop féminin des années 90, les Spice Girls. Outre leur style musical, il s’agit tout d’abord d’un phénomène culturel et commercial sans précédent depuis les Beatles. Munies de nos chaussures plateformes hideuses, on se trémoussait sur « Wannabe » tout en copiant méticuleusement leur chorégraphie bien huilée.
La base du succès des Spice Girls, c’est cette aisance à manier parfaitement les archétypes que l’on retrouve aujourd’hui chez toutes les chanteuses pop. Entre la baby doll, la sportive qui ne se prend pas la tête, la coincée, l’anglaise délurée et la black un peu hip hop, notre cœur balance.
On a presque tout dit sur l’empire commercial des Spice et sur leur formatage alors attardons-nous sur leur potentiel musical.
Leur premier album, Spice, qui s’est vendu à 24 millions d’exemplaires à travers le monde a été qualifié d’album irrésistible, purement pop et entrainant par le guide du consommateur de musique Allmusic. Ce qu’on salue dans cet album, c’est l’habileté des producteurs à toucher tous les styles musicaux pour viser le porte-monnaie de toutes les jeunes filles en fleur de l’époque.
En passant par la balade pop avec quelques arrangements de guitare sur « 2 Become 1″ , le disco sur « Who Do You Think You Are » ou du Funk sur « Something Kinda Funny » , les filles épicées ont eu le mérite de diversifier leur musique.
On retrouvera cette diversité dans leur deuxième album, Spiceworld, copie conforme de « Spice » mais un gros cran en dessous.
Alors oui, les filles qui font de la pop, c’était mieux avant. N’ayant nullement besoin de remuer leur arrière-train dans leur clip, ces cinq britanniques ont été à l’abri de la concurrence, pas même celle des All Saints, en construisant à l’aide des médias, la Spicemania.
Sans vouloir s’accaparer le monopole de Madonna, elles en ont suivi tout ses codes avec finesse en exploitant le côté pouvoir de la femme. De plus, qui diable s’identifierait de nos jours à Nicky Minaj ou Beyoncé ?
Aujourd’hui, Victoria n’est plus que l’ombre d’elle même, Mel B fait sa gym sur Xbox Kinect, Mel C et Geri ont entamé une carrière solo rapidement tombée à l’eau et Emma était jury d’une émission de danse en 2011. Qu’importe leur vaine tentative de reformer le groupe, elles ont au moins le mérite de n’avoir jamais usé de l’auto-tune comparé au vivier de chanteuses pop de nos jours.
Le plus important est qu’elles continuent de nous faire danser sur les tables, quinze ans après, dès les premières notes de Wannabe.
Julie Buda