Christine Boisson porte haut un Tennessee Williams inédit et moderne...

Publié le 28 avril 2012 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Oubliez le sud américain et la moiteur du "Tramway" ou de la "Chatte sur un toit brûlant" auxquels l'auteur et Hollywood nous avaient habitués. "Tokyo Bar", pièce inédite en France datant de 1969, adaptée ici par Jean-Marie Besset, nous embarque, comme son titre nous l'indique, à Tokyo, dans un bar d'hôtel où deux new-yorkais, une femme (Christine Boisson) et son mari (Alexis Rangheard), artiste-peintre à bout de souffle créatif, torturé, dépressif et alcoolique, voient leur histoire d'amour s'éteindre. Une tragédie intime poignante et une représentation violente, quasi autobiographique, de l'artiste obsédé, dévoré, condamné par son art, dans l'incapacité de laisser une quelconque place dans sa vie à l'être aimé.

Pour porter les excès, le lyrisme et la poésie "williamsienne", il faut de grands, d'immenses interprètes. En tête de distribution, Christine Boisson nous impressionne. Ne quittant quasiment jamais le plateau, elle campe avec intensité cette femme ne supportant plus de voir son mari "partir", cherchant dans des aventures extra-conjugales d'un soir (ou moins) un réconfort et une assurance illusoires. A la fois forte et borderline, elle traverse la pièce sur un fil jusqu'à l'issue fatale. Elle est magnifique et bouleversante. A ses côtés deux superbes acteurs. Alexis Rangheard d'abord, qui interprète son mari, joue l'alcoolisme et la névrose avec une vérité troublante, saisissante et déchirante. Mathieu Lee ensuite, dans le rôle du barman, à la fois témoin de cette tragédie et proie de Christine Boisson, fait preuve d'une écoute remarquable et d'une justesse absolue dans un jeu minimaliste et rigoureux. Mais n'oublions pas Laurent D'Olce qui, en ami du couple débarquant au dernier moment pour tenter de sauver les meubles, assiste impuissant au drame. Si le rôle est plus accessoire, le comédien n'en est pas moins convaincant.

L'adaptation soignée et moderne de Jean-Marie Besset, respectant la vivacité, le piquant et la poésie de l'auteur, une mise en scène de Gilbert Désveaux qui sait prendre son temps et laisser la place au silence, ainsi qu'une scénographie (Annabel Vergne et Marie Delphin) paradoxalement aussi majestueuse et impressionnante qu'aérienne, achèvent de rendre ce moment de théâtre particulièrement réussi.

Créé au Théâtre des 13 Vents de Montpellier (dirigé par Besset) en début de saison, le spectacle se donne à la Tempête jusqu'au 2 juin.

Allez-y !

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Photos : Marc Ginot