A l’image du mouvement italien du « slow food » qui souligne l’importance de manger lentement, de prendre son temps pour apprécier le repas et les convives qui vous accompagnent, le slow management se définit comme la remise au centre des salariés de l’entreprise.
Aujourd’hui, le travail est partout, au bureau et chez soi, et tout le temps grâce aux petites merveilles technologiques qui nous permettent d’être connectées 24/7. Il en ressort une culture frénétique de la course à l’urgence avec la peur de rater quelque chose si nous ne lisons pas tous les mails immédiatement et si nous ne décidons pas de suite. C’est vite oublier qu’un tiers des demandes de décisions disparaissent dans le sable, car devenues sans objet, ou que décider est une chose, mais que mettre en application en est une autre. Un grand nombre de (bonnes) décisions tournent à la catastrophe parce que pour des raisons de compréhension de la communication, de non-information ou de manque de prise en compte de tous les paramètres, le « yakafaukon » vire à l’aigre (je vous renvoie à ce sujet au livre de Christian Morel sur « les décisions absurdes », Gallimard, 2002).
Dans ce contexte, la notion de slow management vise à calmer le jeu. En gros, prenez (ou reprenez) le temps de choisir une solution, ne décidez pas seul et suivez la mise en œuvre :
- Prendre le temps de décider, c’est accepter de donner du temps au temps. C’est se donner du recul pour prendre une décision et/ou agir. Nous avons vu dans un billet précédent que décider vite, agir, travailler beaucoup sont des facteurs qui contribuent à renforcer en nous-même notre sentiment d’importance parfois au détriment de l’image que les autres ont de nous (« il est brouillon », « il dit le contraire cinq minutes après », …). Donnez-vous le temps, sur une semaine par exemple, de noter les décisions qui auraient pu être décalées.
- Cinq personnes ont plus d’idées qu’une seule, la mieux informée soit-elle. Nous avons des raccourcis mentaux et des schémas de pensée qui font que même avec la meilleure volonté du monde (et du temps disponible), nous ne prenons pas forcément en compte toutes les facettes d’un sujet. Prendre le temps d’en parler de manière formelle ou informelle avec ses collègues, organiser des réunions contradictoires sur un sujet, laisser traîner ses oreilles pour capter les signaux faibles, voici quelques-unes des méthodes qui vous permettent d’élargir votre champ de réflexion.
- Enfin, la décision n’est rien sans la mise en application. Décider prend peu de temps en comparaison de la mise en application et du suivi. Une belle opportunité à la fois de faire vivre son slow management et de rester proche de ses collaborateurs.
Aller plus loin ? Je vous renvoie à mon livre : « Faire appliquer ses décisions », Eyrolles, 2009