Le Thé- Histoire

Par Dominique44

Un peu d histoire


C'est en Chine que s'est développé l'art de préparer le thé, personne en revanche ne sait avec certitude quand cela commença. Les disciples du Ch'an (Zen) attribuent non sans humour à Bodhidharma l'origine du thé, mais peu de gens raisonnables prennent cela au sérieux. On dit que le moine indien qui introduisit la forme Zen du Bouddhisme en Chine vers l'an 520 se serait coupé les paupières pour ne pas s'endormir pendant la méditation. La légende continue en disant que lorsqu'elles tombèrent, une plante appelée ch'a, dont les feuilles ressemblent à des paupières, poussa de la terre et donna aux méditants le moyen de rester éveillés.



 En réalité, on buvait du thé plusieurs siècles avant l'époque de Bodhidharma. La croyance populaire attribue la découverte du thé au divin Empereur Shên Nung (2737-2697 av. J.-C.) appelé " le père de l'agriculture " qui, selon la légende, testa plusieurs centaines de plantes; mais cela relève du mythe plus que de l'histoire. Vers l'époque de Confucius (VIe s. av. J.-C.) on utilisait régulièrement une plante appelée t'u pour les offrandes funéraires. Le caractère chinois pour cette plante ressemble à celui désignant ch'a (thé) et on les confond souvent, mais les spécialistes du thé chinois affirment que t'u est en fait ce que nous appelons parfois de nos jours « le thé amer » - une herbe qui, du point de vue botanique, n'a aucun rapport avec la famille du thé.
Quoi qu'il en soit, on peut affirmer sans crainte de se tromper que le thé fut connu à l'époque des Trois Royaumes (222-277). Il est aussi dit qu’ ' en promenade l ' Empereur un peu las souhaitas de désaltérer au bore d' une source d' eau chaude ce dernier s assoupi au pied d' un arbre ,sa tasse d' eau tiède a la main , une feuille de théier  atterrie dans cette tasse et l' infusion de cette dernière plu a l' Empereur.
 L’empereur Chinois K'hang Hi déclare en 1684 une certaine liberté de commerce extérieur. Ceci permet aux Anglais d'établir leur commerce par le biais de la East India Company. En 1600, cette compagnie reçoit de la Reine Elisabeth une charte lui accordant le monopole de l'ensemble du commerce oriental. Bientôt elle écrase les autres compagnies, hollandaises et Francaises, et devient le principal exportateur de produits chinois en Europe. Initialement destinée au commerce des épices, l'East India Company voit la demande de thé augmenter de manière exponentielle. Au début du 18ème siècle, elle importe 20 000 Livres de Thé et ce chiffre passe à 2'000'000 de livre en 1750. Ces chiffres pourtant sont anecdotiques. De lourdes taxes ayant été instaurées par Olivier Cromwell, un puissant réseau de contrebande voit le jour et l'on estime qu'en 1775 seul un tiers du thé est importé légalement. Il faudra attendre 1783 pour que la taxe de 114% passe à 12,5%. 

Les grades
Désignent les formes sous lesquelles les feuilles sont présentées après traitement: entières, brisées ou broyées. . . Les grades servent en fait à connaître la qualité des thés, d'une part d'après la finesse de la cueillette, d'autre part d'après leurs formes qui ne dégagent pas les mêmes propriétés en infusion. Les feuilles entières se répartissent en:
· Flowery Orange Pekœ (F.O.P). Cueillette fine composée du bourgeon et des deux feuilles suivantes.
· Golden Flowery Orange Pekœ (G.F. O.P) similaire à la précédente mais comprenant beaucoup de bourgeons.
· Orange Pekœ (O. P). Cueillette plus tardive que les précédentes. Le bourgeon s'est déjà transformé en feuille et la qualité est moins fine.
. Pekœ (P.). Cette qualité ne contient pas de bourgeons (paradoxalement alors que la traduction du mot signifie justement bourgeon!) et les feuilles sont moins jeunes et fines.
· Souchong (S.). Dernière cueillette dont les feuilles basses ne contiennent presque plus de théine et sont utilisées dans la préparation des thés fumés.
Les feuilles brisées comprennent à peu près les mêmes classifications mais leurs brisures sont plus petites, de goût plus corsés et leur couleur est plus foncée. Les feuilles broyées sont:
· Fanning (F.) c'est-à-dire en petits morceaux plus fins que les brisures du grade précédent. Ces feuilles donnent un thé très corsé et foncé.
· Dut ("poussière"). Les feuilles sont complètement broyées et sans grand intérêt pour les vrais amateurs de thé Elles sont utilisées dans les qualités en sachet. A ne pas confondre toutefois avec les thés verts broyés en poudre utilisés pour la cérémonie du thé.
Les thés verts ont leur propre classification. Ils se répartissent en:
· Gunpowder, soit littéralement " poudre à canon" car les feuilles entières sont roulées en boules.
Quand les boules sont très serrées et petites on les appelle Pin Head, soit "tête d'épingle". Ce thé est le premier cueilli dans l'année. Chun-Mee sont des feuilles ressemblant à la forme des sourcils, selon la traduction, car roulées dans le sens de la longueur et courbées. C'est la cueillette fine correspondant au F.O.P.
· Natural Leaf, ou feuille naturelle. Elle est entière et laissée à plat.
. Matcha, thé vert réduit en poudre servant aux cérémonies et en cuisine. Au Japon, pour le Chado traditionnel, il était composé des seuls bourgeons broyés. Son goût est très amer et il se boit délayé, battu mais non infusé.
Les thés verts de Chine ont aussi une classe de feuilles entières torsadées qui n'a pas de nom spécifique.


LES VARIÉTÉS
Ce sont en fait les provenances. Les distinctions se font en fonction des provinces, des régions et des "jardins" d'où ils viennent. Un Darjeeling pousse en Inde dans la région du même nom. Mais les plantations s'étalant sur les contreforts de l'Himalaya entre 400 et 2500 mètres d'altitude, il aura donc des qualités diverses selon qu'il aura bénéficié de la brume des hauteurs ou de la chaleur des basses altitudes.
. Les Darjeeling plus doux et aromatiques sont peut-être les plus grands thés au monde... excepté certaines variétés de Chine. Ils sont classés selon le Jardin de provenance, sa catégorie (similaire à un cru) et la période de cueillette. La première cueillette à partir d'avril est dite First Flush et récolte des feuilles qui prennent une couleur verte reconnaissable a l'infusion. L'arôme est très présent, le thé fin et léger.
 La seconde cueillette, ou Second Flush, s'effectue de juin à août. Les feuilles jeunes sont encore enroulées sur elles-mêmes et comportent des Tips (pointes), les feuilles constituant le principal de la récolte sont brunes et deviennent cuivrées à l'infusion.
 Celle-ci est très aromatique avec des goûts fruités variant d'un Jardin à l'autre et un bouquet riche.
La Third Flush ou récolte  d'automne a encore un arôme développé malgré l'apparence des feuilles, moins fines et mêlées à des petits bouts de tiges.
La Chine est passée maître dans l'art de cultiver et de préparer les thés verts, l'essentiel de leur production.
 Le Gunpowder pousse dans la région de Guangxi. Le thé au jasmin, très apprécié dans toute l'Asie, est préparé également avec du thé vert. Les provinces de Zhejiang donnent des thés délicats, veloutés ou frais,
 Les thés noirs non fumés ont une solide réputation également comme le Grand Yunnan au parfum de miel, de la région du Yunnan.
La province d'Anhui produit les Keemun aux goûts uniques maltés ou chocolatés. La Chine est aussi spécialiste des thés compressés sous forme de briques (le thé des caravanes), de galettes ou enfermés dans des nattes de bambous ou de feuilles de bananier.
Les thés du Japon sont exclusivement verts et se rencontrent peu sur le marché car principalement consommés sur place. Les feuilles sont pliées plutôt que roulées et s'infusent très peu de temps. Sencha et Bancha sont les principales varié tés avec le Genmaicha, mélangé à du mais et du riz soufflé.
Les thés semi-fermentés sont la spécialité de l'ile de Formose (Taiwan) qui produit des Oolong de la meilleure qualité, ni âcres, ni amers, à l'arôme fruité et de teinte cuivre-roux à l'infusion.
Parmi les thés africains, très forts et corsés en général, ceux du Kenya se rapprochent des thés d'Assam.
Les thés mélangés ainsi que les thés parfumés mériteraient qu'on leur consacre un site entier tant ils ont de variétés, non plus cette fois uniquement classées selon leur région de production puisqu'il est courant d'en trouver par exemple de plusieurs pays différents dans une variété.
Citons tout de même les deux plus connues en Europe: le mélange Breakfast à base de thés brisés de Ceylan et d'Assam. Il donne une boisson corsée convenant au petit déjeuner anglais. Il peut être proposé avec un certain pourcentage de Darjeeling, ce qui l'adoucit.
L'Earl Grey est le mélange parfumé le plus célèbre, dont la recette fut retrouvée en Chine par Edouard Grey, comte de Fallodon au début du siècle. Il se compose de plusieurs thés de Chine aromatisés à l'essence de bergamote.