La critique de Claude :
Boyd est un maitre des techniques du roman : le scénario, les portraits, les paysages, les ambiances (p 17, « Wiener Kunstmaterialien », marchand de papiers, peintures, crayons et pinceaux). Il ne recule pas devant le pastiche, comme le montre l’esquisse d’idylle jamesbondienne à Genève avec une veuve de guerre française.
Comme à l’habitude, le héros est un jeune homme sympathique, acteur de son état, confronté au cynisme manipulateur. Il s’appelle Lysander (l’homme-Lion, en grec), le roman étant riche de noms propres savoureux (une brute autrichienne s’appelle Udo Hoff, la logeuse pincée Madame Kriwaneck, les Officiers anglais Munro et Fyfe-Miller, etc…).
Lysander vient, en 1913, consulter à Vienne un disciple du Dr Freud, et n’échappe à une fausse accusation de viol que par son ingéniosité (« ingenuity » en anglais, admirez le faux ami !). Les deux attachés militaires (barbouzes) de l’Ambassade britannique sont si admiratifs qu’ils le recrutent, la guerre venue, pour démasquer une taupe qui, du sommet de la hiérarchie militaire et bureaucratique, transmet aux Allemands de précieuses informations sur les offensives.
De Londres à Genève – nid d’espions - , du théâtre du West End jusqu’au Front des Flandres et même au No man’s land, nous suivons ce jeune héros, qui ne pourra se contenter des tours de passe-passe que lui inspire son métier d’acteur, mais devra agir en guerrier déterminé, cruel, et manipulateur, et n’en sortira pas indemne..
Terminons par une prière à l’éditeur français de William Boyd : vite, traduisez-le !
Roman de William Boyd chez Bloomsbury, disponible sur Amazon 16,26 €, 353 p.
Encore en anglais, mais sans doute bientôt traduit…