Bélgica Castro, Claudia Celedón, Catalina Saavedra et Alejandro Sieveking, quatre acteurs félins pour l'autre dans "Les vieux chats", un film venu du Chili (photos DR)
Rares sont les films chiliens à sortir en France. L’industrie du cinéma au Chili n’est, d’abord, pas très développée même si elle s’est récemment distinguée à l’international (Chili et carnets en parlait dans un précédent sujet ici). Surtout, les gros films hollywoodiens bénéficient de la majorité des écrans.
Alors, quand un film chilien se fraie un chemin à l’étranger, on peut penser qu’il a tapé dans l’œil des distributeurs. Les vieux chats est de ceux-là.
Dans ce drame aux accents humoristiques, deux retraités vivent une retraite tout ce qu’il y a de plus banal à Santiago. Pas trop d’argent, pas pauvres non plus, l’austère Isidora et son concubin Enrique calquent leur rythme de vie sur celles de leurs gros chats, les bébés de la maison. Si l’ascenseur de l’immeuble n’était pas encore en panne et si Isidora ne perdait pas un peu la boule, les jours s’écouleraient, paisibles. Ce serait même la sérénité absolue si Rosario, la fille d’Isidora, ne débarquait pas avec ses savons péruviens, son amour à la démarche de camionneur, ses grammes d’héroïne en poche et la furieuse envie de taper dans le portefeuille de maman.
Rien ne va plus entre la mère et la fille. Mais les vieux chats ont toujours des griffes
Le quasi huis clos souffre parfois de quelques longueurs. Mais la gradation est telle que les creux du départ s’oublient très vite. Portés par quatre acteurs parfaits – Catalina Saavedra, la nana du très bon La Nana, parfaite en second rôle bourru -, Les vieux chats dégonfle les situations de crise par une pique salvatrice. Bélgica Castro, 90 ans et au moins 70 sur les planches et au cinéma, traîne ses bas de contention et son air bougon avec une fraîcheur étonnante. Quant à Claudia Celedón, elle réussit à passer subtilement de la totale emmerdeuse que l’on a envie de gifler à la fille brisée et incomprise.
Pour ses acteurs, Les vieux chats mérite un coup de chapeau. Le coup de griffe, léger, irait plutôt sur la mise en scène un peu paresseuse. Aux commandes, Sebastián Silva et Pedro Peirano misent sur le minimalisme au risque de parfois tourner en rond sur les 40 premières minutes. “Du lit à la fenêtre…”, chantait Brel dans Les Vieux. Dans Les vieux chats, la tour d’ivoire paraît à peine plus grande. Heureusement au moment où l’on craint un essoufflement complet, les horizons s’ouvrent. Et ce qui n’était que patte de velours et ronronnement forcé devient bataille de chat de gouttière et griffes sorties. Touchant et simple, parfois un peu maladroit, ces vieux chats ont bien raison de faire ronronner les vieux projecteurs 35mm. Si une salle le diffuse près de chez vous… Un aperçu ? C’est juste après l’affiche.
Les vieux chats, de Sebastián Silva et Pedro Peirano (Chili, 1h29). Avec Bélgica Castro, Claudia Celedón, Catalina Saavedra et Alejandro Sieveking. Sortie en salle le 25 avril 2012.