Le nouveau positionnement de Sarkozy n'en est pas un. Voilà cinq ans qu'il manie les idées du Front national avec une aisance regrettable et un objectif constant : marcher sur les brisées de Marine Le Pen. Lors des divers drames et faits divers qui ont fait les unes des journaux, Sarkozy en a constamment rajouté sur les « monstres » les « voyous » et autres « racailles. » Toutes les lois proposées allaient dans le même sens : toujours plus de sanctions, toujours plus d'agressions contre les juges coupables de ne pas comprendre la nécessité de punir sans excuser et surtout enfermer sans espoir de sortir. Peines planchers, double peine rétablie, volonté de modifier l'ordonnance de 1945 sur les adolescents, peine de sureté rallongée, enfermement des suspects de récidive, toute la panoplie des mesures y est allée, aussi dangereuse pour les droits de l'homme que pour la possibilité de se réhabiliter. Et pour quel résultat ? Les prisons n'ont jamais été aussi pleines et les agressions contre les personnes jamais aussi nombreuses après 10 ans de sarkozysme !
Je voyais cet après-midi dans les rues de Rouen, un homme encore jeune faire la manche avec un pannonceau sur lequel on pouvait lire : « je sors de prison, je suis sans moyen. » Sans formation, sans issue, comment empêcher la récidive ? Qu'on ne se méprenne pas, je n'oublie pas les victimes (je l'ai été moi-même) mais un état civilisé, policé, un gouvernement respectueux de la séparation des pouvoirs doit se doter d'un arsenal législatif réaliste et conforme à l'idée qu'on se fait de l'homme et de sa capacité à changer. La droite accuse la gauche de déterminisme. C'est tout le contraire. La gauche croit en la possibilité d'évoluer grâce à l'éducation, l'apprentissage, la formation. Nul ne doit se résigner. La société doit aider, encadrer, sanctionner au besoin puisqu'il s'agit de défendre l'intérêt général, mais elle ne doit jamais pencher du côté de la vengeance. Le visage du Sarkozy d'aujourd'hui est hideux. Il nous fait honte. Bien sûr qu'il n'est pas fasciste. Bien sûr qu'il n'est même pas pétainiste. Il est seulement sarkozyste et frontiste compatible.
Tous les sondages fort heureusement donnent François Hollande gagnant. Il rassemble toutes les voix de gauche, tant mieux, et mord sur les électorats de François Bayrou (majoritairement !) et sur celui de Marine Le Pen à hauteur de 20 % ce qui n'est pas rien eu égard au score de la fille de son père. Ces électeurs-là sont d'anciens électeurs de gauche, pour partie, et des anti-sarkozystes absolus. Ce n'est pas un débat de deux heures à la télé qui y changera quoi que ce soit. Comme l'ont dit tant de commentateurs, Sarkozy faute d'avoir accepté l'alternance après une campagne digne, perdra et l'élection et l'honneur. Et sa trace dans l'histoire ne sera qu'une tache.