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The Avengers de Joss Whedon

Par Geouf

The Avengers de Joss WhedonRésumé: Loki (Tom Hiddleston), frère adoptif de Thor (Chris Hemsworth), revient sur Terre et dérobe le Cube Cosmique au SHIELD. Cet artefact va lui permettre d’ouvrir un portail dimensionnel pour amener sur la planète une armée extraterrestre. Pressé par le temps, Nick Fury (Samuel L. Jackson), le directeur du SHIELD, décide de lancer le programme Avengers pour rassembler plusieurs super-héros et tenter de lutter contre cette menace sans précédent. Mais avant de pouvoir sauver la planète, les Avengers vont devoir apprendre à faire équipe…

Après des années de mise en bouche au travers de films introductifs parfois réussis (Captain America, Iron Man) mais le plus souvent soporifique (Thor) ou à côté de la plaque (Iron Man 2), voici que débarque enfin sur les écrans la somme de tous ces efforts, le film The Avengers, réunissant pour la première fois Captain America, Thor, Iron Man, Hulk, La Veuve Noire et Hawkeye. Un film se devant de créer l’événement pour entériner la stratégie de Marvel de placer petit à petit ses pions pour préparer se rassemblement prometteur. Car décevoir les fans une fois de plus avec un film mou du genou aurait certainement signifié la fin de la manne superhéroïque au cinéma… Pour relever ce défi assez unique, le studio a fait le choix surprenant de mettre à la barre Joss Whedon. Un choix surprenant, car Whedon n’a à son actif niveau réalisation qu’un seul film, le très sympathique Serenity, et quelques épisodes de ses diverses séries. Cependant, le réalisateur a plusieurs atouts que tous les autres metteurs en scène de la galaxie Marvel n’avaient pas : il a participé au revival de ces icônes sur papier, au travers de la série des Ultimate, dont il a rédigé plusieurs épisodes, et surtout il a l’habitude de gérer des intrigues aux multiples personnages principaux (Buffy, Angel, Dollhouse et Firefly comportaient toutes énormément de personnages forts).

The Avengers de Joss Whedon

Au final, l’audace a payé, puisque The Avengers remplit quasiment toutes les cases de son contrat. Au contraire d’un Jon Favreau qui n’a pas su passer la seconde sur Iron Man 2 et a proposé un spectacle puéril et bavard, Whedon a bien compris qu’il n’avait pas besoin d’introduire de nouveau les personnages pour lancer son film. The Avengers démarre donc sur les chapeaux de roues par une introduction explosive (dont l’issue rappelle d’ailleurs pas mal le final de Buffy) présentant une menace claire et réelle en la personne de Loki. Le film prend ensuite le temps de rassembler tous ses héros, non sans offrir quelques scènes d’action plutôt correctes, sans être extraordinaires, dont plusieurs affrontements jouissifs, notamment entre Iron Man et Thor. Le scénario rédigé par Whedon, s’il n’a rien d’exceptionnellement original (après tout, on est devant un film popcorn, et celui-ci ne prétend jamais être autre chose), a néanmoins l’intelligence de développer les relations entre les personnages avant de leur faire affronter leur ennemi commun. Tous ont des défauts qui mettront en péril la mission à un moment ou à un autre, mais tous réussiront bien entendu à mettre en commun leurs atouts pour vaincre l’ennemi.

The Avengers de Joss Whedon

D’un équilibre assez exceptionnel, le script de The Avengers réussit à sans arrêt relancer l’intérêt, que ce soit au travers de joutes verbales jouissives, de scènes d’action bien dosées, de touche d’humour bien placées (notamment sur le costume de Captain America ou le look de Thor) ou de développement des personnages. Whedon réussit de façon assez miraculeuse à parfaitement gérer tous ses héros, n’en laissant pas un seul sur le carreau. Le piège aurait été de se concentrer sur Iron Man et sa grande gueule, mais le film évite avec aisance cet écueil, donnant même leur moment de bravoure à des personnages a priori assez peu enthousiasmants comme la Veuve Noire ou Hawkeye, qui faisaient auparavant de la figuration. Il faut bien avouer que la solide troupe de comédiens fait aussi beaucoup pour la crédibilité du film. Robert Downey Jr, dont l’énergie est canalisée, arrive cette fois-ci à incarner un Tony Stark certes toujours gouailleur et vantard mais attachant, face à un Chris Evans charismatique en diable qui lui tient la dragée haute en Steve Rogers / Captain America (et finalement, l’acteur porte très bien le costume en spandex qui faisait tellement peur dans la bande-annonce). Chris Hemsworth rempile avec justesse dans la peau de Thor, à la fois arrogant et déchiré par la traitrise de son frère adoptif. Mais c’est surtout Mark Ruffalo qui épate dans le rôle de Bruce Banner / Hulk, apportant sensibilité et justesse à un personnage jusqu’ici assez malmené par ses incarnations live. La progression dramatique est elle aussi parfaite, les antagonismes entre les différents héros, incapables de fonctionner en équipe, culminant dans une scène lors de laquelle Loki attaque avec succès la base volante du SHIELD, faisant voler en éclat la pseudo cohésion du groupe.

The Avengers de Joss Whedon

Mais la vraie surprise du film reste la réalisation de Whedon. Si les premières scènes d’action sont correctement emballées sans pour autant être mémorable, le réalisateur prouve par la suite qu’il a plusieurs cartes cachées dans sa manche. La tension monte déjà d’un cran lors de l’attaque de la forteresse du SHIELD, intense scène au cours de laquelle Whedon prouve son sens du rythme et sa gestion excellente de l’espace et du montage (l’assaut se déroule à la fois sur deux puis trois puis quatre fronts simultanés), mais ce n’est rien en comparaison du grand final. Un final rappelant fortement celui de Transformers 3 (on troque juste Chicago pour Manhattan) mais enterrant sans problème le film de Michael Bay en termes de dramaturgie (peut-être pas en termes de folie visuelle par contre). Avec ce morceau de bravoure d’une bonne demi-heure, Whedon offre enfin au spectateur ce qu’il attendait depuis la mise en chantier de ces films Marvel : un affrontement dantesque, des actes héroïques et surtout une vraie tension. Les Vengeurs ont beau être enfin unis et fonctionner en équipe, on sent enfin qu’ils luttent pour survivre et que ce n’est pas une partie de plaisir. Proprement galvanisé par l’envie d’offrir une pure dose de bonheur au spectateur, Whedon enfile comme des perles lors du final les morceaux de bravoures jouissifs :  un magnifique plan séquence passant d’un héros à l’autre, Hulk détruisant d’un coup de poing une sorte de chenille mécanique volante, puis ruinant Loki, Hawkeye tirant à l’aveugle sur une moto volante, Iron Man qui vole avec fluidité entre les buildings, Captain America assommant plusieurs ennemis en un lancer de bouclier, etc. C’est fluide, c’est bourrin, c’est prenant, bref c’est tout ce qu’on attendait d’un tel film.

The Avengers n’a certes pas la profondeur d’un The Dark Knight, ni la violence jouissive d’un Kick-Ass, mais constitue un exemple parfait de ce que seul Hollywood est capable d’offrir en termes de divertissement. C’est un film popcorn, du pur divertissement, mais c’est tellement bien fichu et jouissif, avec un tel amour des personnages, qu’on peut difficilement faire la fine bouche devant la générosité d’un tel spectacle.

Note : 8.5/10

USA, 2012
Réalisation : Joss Whedon
Scénario : Joss Whedon
Avec: Robert Downey Jr, Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlette Johanson, Jeremy Renner, Samuel L. Jackson, Tom Hiddleston, Clark Gregg, Cobie Smulders, Stellan Skarsgård, Gwyneth Paltrow


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