Melingo au Studio 4 de Flagey, Ixelles, le 23 avril 2012

Publié le 23 avril 2012 par Concerts-Review

Le billet de JPROCK :
Daniel Melingo est le prince du prototango, le tango des origines comme il le définit lui même

Personnage intrigant à la voix rauque d'insomniaque, chargée de mélancolie et de passion, on le situe entre Tom Waits et Nick Cave avec une touche de Paolo Conte.

Melingo chante le tango des origines comme un animal, persuadé que la modernité du genre s'inscrit dans les traditions.
Ex membre du groupe punk culte argentin des 90's Los abuelos de la Nada, l'homme retourne aujourd'hui à ses racines.

Après "Santa Milonga" et "Maldito Tango" tous deux disponibles en cd, il vient ce soir dans le cadre des Spring Sessions nous présenter son dernier opus "Corazon Y Huezo", sans doute le plus abouti, le plus étrange aussi.

L'excellente salle du Studio 4 est bien remplie, lorsque, vers 20h30, Melingo et ses 5 excellents musiciens investissent la scène. Immédiatement l'homme nous happe dans son univers et ne nous lâchera plus pendant les 100 minutes de sa prestation.
Clown étrange, saltimbanque iconoclaste, interprète hors pair et rocker des bas fonds Melingo tel un charlot désarticulé semble flotter sur les planches de la scène. Chaque mot, chaque phrase est servie comme si sa vie en dépendait et l'homme nous suspend littéralement à ses lèvres.
Pas besoin de comprendre l'espagnol (même si ça aide) pour être séduit et emporté dans l'univers magique de cet être exceptionnel à nul autre pareil. Triste, cynique, joyeux, poète, dramaturge, le personnage se décline sous nos yeux ébahis en une multitude de tableaux illustrant chaque titre de son répertoire. Rarement un concert fut empreint d'autant d'émotion, et le public nombreux ne s'y est pas trompé en lui réservant un triomphe.

Hallucinations, rêves et songes, spirales de l'esprit, tantôt grave et lyrique, tantôt joyeux et spirituel, le diable d'argentin se pose aujourd'hui en un maître du genre réussissant la gageure de joindre rock, tango et émotion en un art impossible ivre de séduction dont il est incontestablement le maître du genre.

Chapeau bas l'artiste !