genre: inclassable (interdit aux - 16 ans)
année: 1971
durée: 2h15
l'histoire: Au XXIème siècle, où règnent la violence et le sexe, Alex, jeune chef de bande, exerce une terreur aveugle. Après son emprisonnement, des psychanalystes l'emploient comme cobaye dans des expériences destinées à juguler la criminalité.
la critique d'Alice In Oliver:
Attention, film choc ! J'ai nommé Orange Mécanique, réalisé par Stanley Kubrick en 1971. Plus de quarante après sa sortie, le film de Kubrick reste toujours d'actualité. Difficile de ranger ce film OFNI dans une catégorie particulière.
Toujours est-il qu'Orange Mécanique oscille entre drame, anticipation et critique virulente de notre société moderne.
C'est vraiment un film inclassable mais qui reste toujours aussi éprouvant aujourd'hui.
A sa sortie, Orange Mécanique déclenchera une vive polémique. Certaines personnes, très choquées par la vision du film, quitteront les salles et crieront au scandale. Plusieurs délinquants britanniques déclareront carrément s'être inspirés du film pour commettre certains délits. Pire encore, Stanley Kubrick recevra des lettres de protestation et de menaces. Certaines personnes commenceront à se regrouper devant sa demeure. Le cinéaste demandera alors à la Warner de retirer le film des salles de cinéma.
Il faudra donc attendre jusqu'en 2000 pour voir Orange Mécanique à nouveau sortir aux Royaume-Uni. A la base, le film est l'adaptation d'un roman éponyme écrit par Anthony Burgess en 1962. En dehors de la fin et de quelques détails, le film est assez fidèle au matériau d'origine.
Au niveau du casting, Orange Mécanique réunit Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Baker et Warren Clarke.
Oui, Orange Mécanique mérite largement sa réputation de film ultra-violent. Certes, certains détracteurs pourront le juger un peu vieillot aujourd'hui.
Pourtant, Orange Mécanique conserve toujours le même impact. Avec ce long-métrage inclassable, Stanley Kubrick signe un film visionnaire, se déroulant probablement dans une société très proche de la nôtre.
C'est sans aucun doute son film le plus nihiliste et le plus pessimiste.
En un sens, par sa fin, totalement radicale, et par ce qu'il dénonce, Orange Mécanique ressemble étrangement au superbe roman de George Orwell, 1984. Surtout dans la partie relatant la rééducation d'Alex (Malcolm McDowell).
C'est probablement la partie la plus intéressante du film. Dans un premier temps, Stanley Kubrick décrit une société violente à travers le portrait de son personnage principal.
Ce dernier est le chef d'une bande et n'hésite pas à satisfaire ses pulsions les plus criminelles. Sur ce dernier point, la scène du viol est franchement insoutenable. Mais Alex finit par être rattrapé par la réalité.
Il est alors enfermé et condamné à 14 ans d'emprisonnement. Pourtant, après deux ans passés derrière les barreaux, Alex se porte volontaire pour suivre une thérapie révolutionnaire, censée calmer les ardeurs de ce pyschopathe en puissance.
C'est la seconde partie du film, et encore une fois, la plus intéressante. Notre société ultra-conformiste en prend pour son grade.
Ici, les notions de bien et de mal sont régies et déterminées par la loi, l'ordre, la force et la morale. Ce qui a pour conséquence de créer la frustration et donc, la violence. Toutefois, l'individu moderne reste plus que jamais façonnable, à l'image d'Alex, devenu le cobaye de tests behavirioristes, destinés à le rendre acceptable aux yeux de la société.
Paradoxalement, les anciens amis d'Alex sont devenus des policiers. Alex les croise à nouveau après sa sortie de prison.
Ses anciens sbires profitent de son impuissance pour le tabasser. Cet séquence illustre parfaitement l'hypocrisie d'une société à la dérive, démagogique, technocratique, totalitaire et ayant perdu totalement le sens de ses valeurs.
Ce qui n'est pas sans rappeler le cas de Winston Smith dans 1984, conditionné pour aimer Big Brother et affirmant haut et fort que 2 + 2 font 5.
Au final, Alex et Winston se ressemblent étrangement. Nul doute que le roman de George Orwell a inspiré ce film profondément pessimiste et mélancolique.
Enfin, Orange Mécanique peut s'appuyer sur une musique expérimentale puisqu'il s'agit d'une variation de La Symphonie N°9 de Beethoven.
Cette musique confère au film une ambiance malsaine, étrange, oppressante et saisissant le spectateur à la gorge.
Stanley Kubrick ne relâchera jamais la pression, si ce n'est dans le générique de fin. Bref, un immense film. Un classique et un incontournable de Stanley Kubrick.
Peut-être mon préféré du réalisateur.
Note: 20/20