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Théâtre Rive Gauche6, rue de la Gaîté 75014 Paris Tel : 0...
Publié le 27 avril 2012 par Gjouin @GilbertJouin
Théâtre Rive Gauche6, rue de la Gaîté 75014 Paris Tel : 0 899 152 000 Métro : Edgar Quinet Une comédie musicale de Jérôme Savary Mise en scène par Jérôme Savary Avec Nina Savary, Roland Romanelli, Julien Maurel, Jérôme Savary (guest) Jérôme Savary : « C’est pour Nina, ma fille, que j’ai écrit La Fille à marins. Ce n’est pas un récital mais un vrai spectacle, avec des images et de l’émotion. Elle est accompagnée par un des plus grands accordéonistes du monde : Roland Romanelli. Pas de fille à marins sans marin. C’est l’étonnant clown-poète-magicien Julien Maurel, tour à tour pêcheur, pirate, capitaine, mousse, pieuvre géante et naufragé. J’incarne modestement un vieux loup de mer qui passe par là de temps à autre, pour en chanter une ou deux… » Mon avis : Ce spectacle est le vibrant témoignage d’amour d’un auteur et metteur en scène de père pour son artiste de fille. Jérôme Savary a tout est peaufiné pour mettre en valeur les remarquables qualités vocales de Nina, sa digne rejetone. C’est vrai qu’il peut en être fier, car pour chanter elle chante ! Et elle sait jouer la comédie aussi. Pour lui renvoyer la balle, elle a la chance de bénéficier de la présence de l’extrêmement talentueux Julien Maurel, homme à tout (bien) faire, capable des pires audaces et des plus inattendus tours de passe-passe. Enfin, pour compléter l’équipage, un autre magicien, musicien celui-là, l’incomparable et « barbaresque » Roland Romanelli et son accordéon. Maintenant, que dire de ce divertissement musical ? Déjà, on peut sans le dénigrer, le qualifier de spectacle bateau. Normal, c’est le thème développé. Avec le père au gouvernail, on a la fille, on a la mer et on a le marin. Difficile d’imaginer famille plus éclatée. Et parfois aussi, éclatante… Ce spectacle se résume en une succession de tableaux, tous différents dans le traitement, qui font qu’il est totalement disparate. On navigue à vue (et au son) en zigzagant entre haut de la vague et lame de fond. Mais, heureusement, on ne le touche jamais, le fond. Ce show est tout entier estampillé Jérôme Savary. Il n’a jamais coupé l’amarre qui le relie au Grand Magic Circus. C’est sa marque de fabrique. Pour arriver à bon port sur la Rive (Gauche), ce capitaine au long côté cour fait en permanence du cabotage entre le burlesque et l’émotion, la parodie et le romantisme. En fait, il n’est réaliste que dans les chansons. En effet, Nina nous ressuscite à merveille les chanteuses réalistes des années 30. Et en particulier Fréhel… Fréhel dont la mère aurait pu être cette « Fille à marins » car Bretonne du Finistère, et prostituée occasionnelle. Les textes des chansons sont remarquablement écrits. C’est du travail de pro, pas d’armateur. Mais le problème avec ce genre où la tristesse le dispute à la mélancolie, c’est que les mélodies, même interprétées par une pseudo entraîneuse, ne sont guère entraînantes. Ça lancine un tantinet et on a tendance à lâcher le filin à la moitié de la chanson. Il eût sans doute été préférable d’en mettre moins et d’y ajouter quelques chansonnettes franchement fantaisistes. En revanche, pour contrebalancer le climat morose des chansons, Savary nous a concocté quelques scènes particulièrement farfelues et des tableaux totalement hilarants (de la Baltique). Le spectacle commence par un mix entre 20.000 lieues sous les mers (le combat contre le calmar géant) et la pêche miraculeuse. On a droit ensuite à une pagnolesque parodie de Marius et Fanny dans le port de Toulon. Ensuite, Julien Maurel, véritable preux de la vague, se livre à un irrésistible numéro burlesque en sosie confondant de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes. Un peu plus tard, c’est en un Popeye (le Sailorman) plus vrai que nature qu’il apparaît dans une sorte de cartoon dans lequel Nina campe une Olive bien plus séduisante que l’originale mais tout aussi grotesque. Sparrow et Popeye dans un même show, ce sont deux grands moments de pure comédie qui nous sont offerts. Et puis, une fois de plus – et ça c’est encore le sceau Savary – un soin tout particulier a été apporté aux costumes. Comme toujours, c’est ce magicien de Michel Dussarat qui a œuvré. Au côté de la très jolie garde-robe que revêt Nina, il a imaginé pour Julien et elle des accoutrements et des accessoires totalement saugrenus. C’est aussi loufoque que féérique. En tout cas, sur le plan formel de l’esthétique et de la couleur, c’est parfaitement réussi. Et je préfère vous laisser la surprise de quelques déguisements inénarrables… Chapeau, Monsieur Dussarat !