Des officiels de l’armée enquêtent sur l’intégration grandissante de doctrines islamophobes "enflammées" dans le curriculum abordé dans la salle de cours d’une prestigieuse école militaire qui prépare les officiers aux affectations interarmées de haute volée.
Le Joint Forces Staff College à Norfolk dans l’État de Virginie a suspendu son cours facultatif intitulé "Visions sur l’islam et le radicalisme islamique" en réaction à une plainte émanant d’un étudiant qui a intégré le cours en mars.
Le porte-parole du Pentagone, le capitaine de la Marine américaine, John Kirby, a indiqué que le cours incluait une diapositive PowerPoint qui suggérait que "les Etats-Unis sont en guerre contre l’islam et que nous nous devons de l’admettre".
Monsieur Kirby a précisé mercredi aux journalistes que "cela n’est absolument pas ce que nous croyons. Nous sommes en guerre contre le terrorisme, particulièrement contre Al-Qaïda, qui délivre une vision déviante de la foi mahométane. Nous ne nous considérons pas en guerre contre l’islam". En complément de l’enquête menée au sein du Joint Forces Staff College à Norfolk, le général d’armée Martin Dempsey, président des chefs d’état-major interarmées, a ordonné un audit parmi toutes les composantes de la formation pour l’ "assainir" et en ôter tout élément islamophobe.
Le courrier de monsieur Dempsey de mardi indiquait que tout le curriculum de formation militaire devrait être révisé pour assurer "les sensibilités culturelles, le respect de la religion et l’équilibre intellectuel" idoines.
Le cursus de l’Ecole d’état-major interarmes est principalement suivi par des officiers des échelons O-5 et O-6 *. Le programme de l’école est la phase 2 de la formation militaire professionnelle interarmes et fait partie des exigences pour beaucoup d’affectations interarmées de haut niveau, comme celles du Pentagone ou au sein des commandements opérationnels.
Des centaines d’officiers se sont inscrits au cours facultatif sur le radicalisme islamique depuis qu’il a été proposé pour la première fois en 2004. Le curriculum a été révisé et validé en 2011 ; cependant, la date d’ajout de l’information sur une guerre d’envergure entre les Etats-Unis et la religion musulmane reste indéfinie.
John Kirby a ajouté que "ce que nous ignorons est quand ce langage incendiaire a été inséré dans le déploiement réel du cours. C’est ce que l’enquête va permettre d’établir, depuis combien de temps ces notions sont-elles enseignées ?"
Les présidents américains ont itérativement rejeté toute notion selon laquelle les opérations militaires des Etats-Unis au Moyen-Orient représentent une guerre étendue à l’islam.
Quelques jours après les attaques terroristes du 11 Septembre, le président George W. Bush avait défini une distinction claire entre la foi musulmane et la vision de cette religion proposée par les extrémistes violents.
Avant une séance conjointe du Congrès, dans un discours qui avait capté l’attention du monde, monsieur Bush dit : "Ce soir, je veux également m’adresser directement aux musulmans du monde entier. Nous avons du respect pour votre foi. Elle est librement pratiquée par des millions d’Américains et par bien davantage dans des pays que l’Amérique compte parmi ses amis. Ses enseignements sont bons et pacifiques, et ceux qui font le mal au nom d’Allah blasphème son Nom".
Le Président a encore ajouté que "les musulmans ne sont pas les ennemis de l’Amérique. Ce ne sont pas nos nombreux amis arabes. Notre ennemi est un réseau radical de terroristes et tous les gouvernements qui les soutiennent".
Auteur : Andrew TILGHMAN
Source : The Military Times (Etats-Unis) du 25 avril 2012
Traduction pour Theatrum Belli : Robert ENGELMANN
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* Echelon équivalent aux lieutenants-colonels et colonels