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lle l’a découverte un beau matin, marchant à quatre pattes sur le sol. Surprise, elle eut d’abord l’envie de la détruire, puis par pitié l’a laissé vivre. Que pouvait lui faire une petite bête, qui n’avait même pas où dormir ? Que pouvait donc être le sort d’un être qui avait tout son droit de vivre ?
Elle décida alors de la suivre dans sa course folle vers nulle part, tantôt hésitante, tantôt rapide, jusqu’au moment où elle disparût sous le lit, dans un endroit connu d’elle seule.
Sait-elle ce qu’elle fait, ou court-elle sans but, juste pour fuir ?
De quoi a-t-elle peur, elle que tout le monde craint sans raison apparente ? Ni grande, ni forte, ni dangereuse ?
La soleil rougit et se coucha sous un ciel rempli de ses interrogations. Elle dormit d’un sommeil portant conseil, calmant ses frayeurs, et invitant autrement à une exploration florale d’une aube étoilée.
Elle fut réveillée par la lumière « d’une aurore ressemblant à une tendresse infinie » [Nicole Houde] et se précipita vers le jardin pour l’admirer.
Une fleur la détourna de son but et attira son regard par une rare beauté qui suscita sa curiosité.
Une rosée d’araignée formait un collier de perles scintillantes. Elle s’était formée entre le figuier et le mur
On avait coutume de dire que la présence d’une araignée était bon signe pour une maison, signifiât qu’elle était saine. Mais qu’en est-il pour une fleur, pour un jardin` ?
Par ailleurs, au Moyen-âge, un roi anglais est entré un soir dans une grotte pour se protéger de ses persécuteurs. Au matin, ces derniers passèrent devant la grotte sans s’y arrêter car pendant la nuit, une araignée avait tissé une immense toile qui couvrait totalement l’entrée. Le roi eut ainsi la vie sauve par une araignée.
–Le figuier et le mur ….pensa-t-elle`
Le figuier est un arbre aux vertus protectrices, fécondantes et regénérantes, aux apports mystérieux béni de Dieu.
Le mur a également des fonctions protectrices et mystique parfois
Mais pourquoi Diable, avoir construit sa maison, d’un enchevêtrement de mailles robustes et translucides entre un mur et un figuier, deux éléments aux vertus assez proches et facilement comparables : solidité, protection, croyance, isolement, etc…
Ne dit-on pas dans le Coran que la maison de l’araignée est la plus fragile des demeures.
Ne la compare-t-on pas à la maison du diable ?
Ne dit-on pas également que le net, la toile, est son nouvel habitat ? Le web serait le figuier et Facebook le mur ?
La maison du diable…Facebook ?!
Face à un mur, on se précipite
On parle fort, on écrit vite
Qu’on se livre ou se limite
Le fruit de nos pensées s’ébruite
Dans une toile, on se combat
Et des idées, on fait débat
On se déchire, on tombe bas
On oublie que la bulle s’ébat
Un vrai faux monde virtuel
Dans un écrin spirituel
Un habitacle continuel
D’amitiés conflictuelles
Ou la bête règne en roi
Asservissant toutes ses proies
En tissant à chaque fois
Une maille contre la foi
Perplexe et légèrement frissonnante, elle retourna dans son lit en pensant que :
«Dieu, c’est un lieu fermé dont l’aurore a la clé…»Victor Hugo