Les utilisateurs d'aspirine survivent « mieux » à un cancer du côlon. Une aspirine par jour, après diagnostiic, permettrait d'augmenter ses chances de survie à 9 mois de 33% selon cette étude hollandaise de grande envergure publiée dans l'édition du 24 avril du British Journal of Cancer qui vient ajouter aux preuves des bienfaits de l'aspirine en prévention ou en traitement des cancers.
Les auteurs, chercheurs de l'Université de Leiden et d'autres institutions aux Pays-Bas rappellent que l'aspirine peut avoir des effets secondaires, dont les saignements intestinaux, et chez les patients atteints de cancer, il peut augmenter les risques de complications avant la chirurgie ou autres traitements. La prise d'aspirine passe donc par l'aval du médecin.
Cette étude observationnelle a cherché l'association entre l'aspirine et amélioration de la survie chez des patients diagnostiqués avec le cancer du côlon, l'un des cancers les plus fréquents dans le monde, avec 1 million de nouveaux cas et 600.000 décès chaque année. Les données ont été extraites à partir du registre du cancer pour la région sud des Pays-Bas et des registres de population. Les participants ont été classés en non-utilisateurs d'aspirine ou autres AINS, en utilisateurs ponctuels avec prescription d'au moins 14 jours, en utilisateurs fréquents avec au moins 3 prescriptions dans les 9 derniers mois, puis en utilisateurs avant, après et avant et après le diagnostic.
4.481 patients ont été diagnostiqués avec un cancer de l'intestin de 1998 à 2007, dont 62% avec le cancer du côlon. Sur les 4481 diagnostics de cancer de l'intestin, 26% n'avaient jamais eu de prescriptions pour l'aspirine ou autres AINS, 47% avaient eu une prescription avant et après le diagnostic et 27% avaient eu une prescription après le diagnostic. La majorité des prescriptions sont sur la base d'une dose quotidienne de 80mg. Les chercheurs constatent que,
· les utilisateurs d'aspirine après le diagnostic ont une chance accrue de 33% de survivre pendant au moins 9 mois (RR : 0,77 IC : 95% de 0,63 à 0,95).
· Une fois les patients regroupés par type de cancer, les chercheurs constatent que le bénéfice de survie n'est vérifié que pour le cancer du côlon (RR : 0,65, IC : 95% de 0,50 à 0,84).
· Pour les utilisateurs fréquents, le gain de survie associé à l'utilisation d'aspirine est accru de 39% par rapport aux non-utilisateurs (RR : 0,61, IC : 95% de 0,46 à 0,81).
· Les utilisateurs d'aspirine à la fois avant et après le diagnostic ont un risque de décès réduit de 12% vs les non-utilisateurs.
· En revanche, l'utilisation d'autres AINS est associée à une survie diminuée (RR : 1,93, IC : 95% de 1,70 à 2,20).
L'utilisation d'aspirine après un diagnostic de cancer du côlon est donc associée à un risque plus faible de la mortalité globale. Cependant, alors que la plupart des participants de cette étude prenaient de l'aspirine prescrite en traitement de maladies cardiaques plutôt que directement pour le cancer du côlon, des essais contrôlés comparant des utilisateurs d'aspirine à des non utilisateurs seront encore nécessaires pour prouver ce bénéfice de l'aspirine spécifiquement pour le cancer du côlon.
Source: British Journal of Cancer, March 27 2012 106, 1564-1570 (24 April 2012) | doi:10.1038/bjc.2012.101 Use of Aspirin postdiagnosis improves survival for colon cancer patients.
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