Que serait un candidat sans ses militants ? A Bordeaux comme ailleurs, les «petites mains» de la campagne électorale s’activent pour diffuser les messages, convictions et programmes des deux finalistes de l’élection présidentielle. Tout aussi convaincus, dévoués, passionnés, dans un camp comme dans l’autre. Rencontre.
Elle appelle ça du porte à porte, lui dit du «tire-sonnette». Chacun avec leurs tracts, leurs convictions et leur bagou, ils arpentent en ce moment les quartiers de Bordeaux dans un seul but : convaincre. Florence Lamarque, 39 ans, ancienne assistante sociale désormais formatrice, milite pour François Hollande. Jean-Claude Burosse, 73 ans, ancien ingénieur chez Areva devenu militant actif avec la retraite, soutien Nicolas Sarkozy. Dans les deux cas, c’est bien plus qu’un simple engagement de principe.
Un an de campagne au PS
Florence Lamarque est secrétaire fédérale à l’animation et aux conventions du PS de Gironde. Elle a participé à l’élaboration du projet socialiste, puis a organisé les primaires et les meetings. Désormais elle tracte, fait du porte à porte, nettoie la permanence, prépare les «cafés politique»... bref «cela fait presque un an qu’on est en campagne», constate-t-elle. Un engagement total, renforcé par une adhésion à la personnalité du candidat et au contenu du projet. «J’étais pour François Hollande pendant les primaires, il correspond tout à fait à ma ligne politique. Celle d’un socialisme réaliste, pas révolutionnaire». Elle adhère aussi à la méthode déployée sur cette campagne : «on a institutionnalisé le porte à porte, on mise tout sur la proximité et la pédagogie. C’est assez différent de la campagne de 2007 qui était participative : on demandait aux Français de co-construire le programme. Cette fois il est construit, ce sont les «60 propositions» et le candidat s’appuie sur les militants pour rassembler autour de ce fil directeur.» A quelques jours du 2e tour, les sondages et les calculs savants donnent plutôt François Hollande vainqueur. Cela fait quoi d’être dans le camp du favori ? «C’est quand même drôlement bien ! sourit Florence Lamarque. Mais j’ai beau voir les sondages, je n’y crois pas encore. Tant que c’est pas fait, rien n’est fait !»
«Encore de l’espoir» à l’UMP
Voilà au moins une affirmation que Jean-Claude Burosse ne contredira pas. Il est en charge du 4e canton pour l’UMP de Gironde. «En charge», cela veut dire que lui aussi s’occupe de tracter, coller les affiches, organiser les réunions politiques, le déroulement du scrutin... de quoi occuper une vie de retraité qui ne s’imagine pas inactif. Chabaniste puis Juppéiste, il milite aujourd’hui activement pour Nicolas Sarkozy même s’il admet ne pas toujours se reconnaître pleinement dans la personnalité du candidat sortant. Mais «je n’ai pas le culte de la personnalité, ce sont les convictions qui comptent» dit Jean-Claude Burosse, qui ne comprend pas les attaques nourries à l’encontre de son candidat «Cette campagne s’est déroulée dans une ambiance délétère, trop c’est trop». Le bling bling ? «Des erreurs de jeunesse.» François Hollande ? « Que des mots. Il promet beaucoup, mais le 7 au matin, ce sera une autre histoire.» à moins bien sûr que la tendance ne se retourne. «Il y a encore de l’espoir. Nous n’avons peut-être pas fait le plein de nos voix, et il y a eu du vote-repoussoir. C’est pour ça que les derniers jours sur le terrain comptent beaucoup. De toute façon, en politique, c’est là que tout se joue : sur le terrain».•
Sophie Lemaire