Par quel engrenage infernal sa vie semblait-elle subitement partir à vau-l'eau ? Pourquoi s'était-il vu infliger ces "retrouvailles" avec son ex-femme ? Pourquoi son fils enchaînait-il connerie sur connerie ? Pourquoi sa fille de quinze ans se mettait-elle en tête de coucher avec des garçons ? Pourquoi sa situation professionnelle menaçait-elle de s'effondrer ?
Snobs littéraires, passez aujourd'hui votre chemin, car je vais parler d'un auteur honni par toute une frange de l'intelligentsia culturelle : Guillaume Musso. Pour ma part, je ne l'avais jamais lu, plus par manque d'occasions finalement que par manque de curiosité ou d'envie. En tout cas, ne dédaignant pas de lire Marc Lévy de temps en temps, on ne peut pas m'accuser d'a priori. Bref, donc, lorsque son attachée de presse m'a envoyé un mail pour m'annoncer la sortie de son nouveau roman (ce qui n'a pas été sans m'étonner d'ailleurs, car à moins de vivre dans une grotte je ne pouvais pas passer à côté de l'information, et en outre je ne pensais pas que Guillaume Musso, le plus gros vendeur de romans en France, avait besoin de mon blog pour qu'on parle de lui), je lui ai demandé de me l'envoyer, ce qu'elle a fait (j'ai conscience que cet enchaînement de faits est totalement inintéressant). En tout cas, l'arrivée de ce roman tombait plutôt bien, car après le très beau mais profondément déprimant Le Roi n'a pas sommeil, j'avais besoin de quelque chose de plus positif. Bref, donc, j'ai lu le dernier Guillaume Musso.
Sebastian est un riche et célèbre luthier qui, depuis 7 ans, élève seul sa fille Camille, âgée de 15 ans. Mais, alors qu'il veut tout contrôler dans sa vie, allant jusqu'à passer une inspection hebdomadaire dans sa chambre pour vérifier qu'elle ne fréquente pas de trop près les garçons, Camille, elle, grandit et à soif d'un minimum d'autonomie. De l'autre côté de la ville, Nikki, une sorte d'artiste bobo, ex-femme de Sebastian, élève Jeremy, le frère jumeau de Camille, et lui donne une éducation diamétralement opposée, reposant sur la confiance et la liberté. Lorsque Jeremy disparaît, même s'ils ne se sont presque pas parlé depuis 7 ans, c'est Sebastian que Nikki appelle à l'aide.
Et bien moi, j'ai passé un très bon moment avec ce roman. Il est sans prétentions, mais fait ce qu'on demande finalement à un roman de ce genre : il nous distrait. Car s'il est une chose que Musso sait faire, c'est bien raconter une histoire, et j'ai envie de dire qu'à la limite on ne lui en demande pas plus. Oh bien sûr, cela ne va pas sans de monstrueuses invraisemblances, à commencer par la situation de départ qui nous montre un couple de divorcés ayant partagé leurs jumeaux comme d'autres partagent la collection de petites cuillers de tata Lucette (encore que ce "partage" est psychologiquement motivé dans un certain passage du roman). Mais ça fonctionne : l'histoire est parfaitement menée, on la croit cousue de fil blanc mais en fait non, c'est totalement abracadabrant mais on s'en moque, et d'ailleurs j'ai senti, par moments, quelques pointes d'autodérision, où Musso montrait du doigt ce que finalement bien des critiques lui reprochent. Il n'en a cure, et il a raison. Il réussit son coup, c'est un vrai bon thriller avec des méchants, de la violence et du suspens. Mais c'est surtout un "thriller romantique", et ça, ça parle à mon petit coeur de midinette : de l'amour, il y en a dans ce roman, le beau, le vrai, qui unit des personnages dont on se dit qu'ils n'ont pas grand chose à faire ensemble tant ils sont opposés. Le personnage de Nikki m'a d'ailleurs beaucoup touchée, parce que je m'y suis beaucoup retrouvée finalement. Par contre Sebastian m'a prodigieusement agacée tout le début du roman (je pense que c'est du reste fait exprès), mais une fois qu'il laisse tomber sa carapace, il est plutôt sympathique.
Donc je vous conseille ce roman si, comme moi, vous avez juste envie de vous détendre et de passer un agréable moment de lecture, à tourner les pages jusque tard dans la nuit sans pouvoir vous arrêter parce que, bon sang, vous avez envie de connaître la fin !
7 ans après...
Guillaume MUSSO
XO, 2012