En terme de bien-être, la médecine fondée sur les faits (plus connue sous son acronyme anglais EBM pour evidence based medicine), fait des ravages : elle substitue la démarche expérimentale (hypothèse, expérience, conclusion) à notre inhérente subjectivité.
En clair ? L’EBM, ce sont des médecins qui n’en peuvent plus pour leur blouse blanche. Cette pratique représente les médecins qui ne jurent que par les statistiques et par la pharmacologie, sans oublier leur stéthoscope, en négligeant notre humanité. Ils pourraient ignorer le nom de leur patient ; ça ne changerait pas grand chose au traitement.
Idéalement, la biophysique, la chimie et la biologie cellulaire sont complémentaires à une prise en charge basée sur l’affect ; elles ne peuvent monopoliser l’attention du praticien. Si le rôle d’un médecin est avant tout de soigner, il se doit d’écouter le patient, et pas seulement ses symptômes. Les sciences fondamentales sont au service de la médecine, certes, mais la médecine ne doit pas se réduire aux sciences fondamentales, au risque d’augmenter la quantité de vie sans se soucier de la qualité de vie. Actuellement les sciences fondamentales desservent la médecine sans doute autant qu’elle ne la servent : avec l’avènement irréfléchi de l’EBM, le médecin devient un robot qui intègre des plaintes en entrée et prescrit un traitement à la sortie, souvent en quelques minutes, sans se pencher sur la personnalité du patient. Bref, dans le cadre de la tarification à l’activité, faute de temps, les médecins sont trop chirurgiens et pas assez psychiatres : c’est la médecine à la chaîne.
Hippocrate disait “Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours” !
Je rappelle aussi l’effet placebo et l’effet Hawthorne, désignant respectivement la guérison d’un patient parce qu’il croit qu’il est soigné (alors qu’on lui donne un bonbon), et la guérison du patient parce qu’il a conscience qu’on tient à le soigner (donc il est plus motivé à se soigner).
Face au rationalisme scientifique outre-mesure, l’amour vaut bien des médicaments :
Si l'amour ne remplace pas toujours les pilules, un accompagnement axé sur la personnalité et valorisant les proches peut exacerber l'action des médicaments.
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