Et au fait, le travail, c'est quoi ?

C'est la question que tout le monde se pose depuis que Sa Seigneurie Sarkozy a sorti de son chapeau la notion de "vrai travail". C'est quoi un vrai travail ? Y aurait-il du "faux travail" ? Et son mentor Charles Pasqua, avec sa faconde méridionale, aurait ajouté : "Méfie-toi mon petit, méfie-toi du vrai faux travail !
Pour le commun des mortels, le travail, c'est quand t'es pas en vacances. Tu te lèves tôt le matin pour aller au boulot. Tu prends les transports en commun ou ta voiture, si t'a pas encore été convaincu de faire autrement par les écolos. Tu vas t'enfermer avec tes congénères toute la journée et tu fais le trajet retour pour aller chez toi. Ou alors tu es un brave profession libérale qui travaille 70 heures par semaine pour essayer de gagner ton paradis terrestre. Et puis tu te dis qu'une malédiction divine pèse sur toi, depuis que Dieu a chassé Adam et Eve du Paradis et leur a déclaré, à Adam surtout (Dieu devait être un peu machiste) : "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front."
Bien sûr tu t'es rendu compte d'un truc bizarre : depuis vingt ans, les prix ont doublé, la richesse nationale a été multipliée par deux grâce à la sueur de ton front, mais ton salaire pour gagner ton pain n'a pas suivi, et de loin, à la même cadence. Il s'essouffle même à courir loin derrière ! Mais comme tu es brave et courageux, tu continues à porter chaque jour le fardeau de tes travaux, même si tu sais au plus profond de toi-même que jamais tu ne pourras t'acheter une Rolex ou un yacht pour passer tes vacances avec tes enfants.
Eh bien, si tu crois que travailler c'est ça, c'est que tu n'as rien compris au film. C'est pas ça travailler. Alors ?
Vous vous rappelez, pendant la campagne de 2007 : "C'est quand même pas croyable ! Vous trouvez ça normal, vous, que dès le mois de mai, on travaille pour donner tout à l'Etat ? Moi je vais instaurer le bouclier fiscal, pour protéger le vrai travail, et limiter l'imposition à 50 %." Aussitôt élu, aussitôt fait.
Et là, on s'est aperçu, agents des impôts en premier, et les Français qui ne manquaient pas de jugeote ensuite, que ce n'était pas l'argent de ce travail là qui était concerné par le bouclier fiscal. Evidemment, vu les sommes faramineuses reversées. Même madame Bettancourt, l'amie de la famille, avait droit à une ristourne de 30 millions. Et pourtant, elle, il y a belle lurette qu'elle ne travaille plus ! Je me suis d'ailleurs livré à un petit calcul sur son cadeau fiscal annuel de 30 millions : résultat, il fallait qu'elle gagne un salaire de plus de 6 millions d'euros par mois. Ca n'existe pas. En fait, c'est l'argent de la spéculation qui permettait d'obtenir cette ristourne. Monsieur Sarkozy a protégé, par cette mesure, les vautours qui se repaissent du sang des travailleurs, et des vermines qui n'ont pour seul patriotisme que celui de leur porte-feuille qui demandent que l'on délocalise l'emploi français à l'étranger pour réaliser davantage de bénéfices.
Le vrai travail selon Sarkozy, c'est les revenus de la finance, l'argent qu'on pompe de la sueur des travailleurs pour se payer Rolex et yacht. "Si les gens ont plus d'argent, ils dépenseront plus." qu'y disait l'autre. Demandez un peu au boulanger du coin des riches. Est-ce qu'il doublait ses ventes grâce au bouclier fiscal ? Est-ce que celui qui bénéficie du bouclier fiscal, parce qu'il se contentait de manger deux croissants à son petit déjeuner, se met à en manger quatre parce qu'il en a les moyens ? Etc, etc.
Pendant ce temps là, aux autres, on disait de travailler plus pour gagner plus ! N'importe quoi ! Pendant que Sa Seigneurie clamait le slogan sur tous les toits en 2007, ils faisaient travailler plus les policiers. Gratuitement ! En mai 2007, il leur devait 5 millions d'heures supplémentaires, non payées. Et pour que les policiers ne puissent plus les réclamer, il a passé les inspecteurs et autres commissaires catégorie A, avec une petite prime mensuelle : le forfait d'heure supplémentaire que ça s'appelle - en gros, qu'un policier fasse 35 heures ou en fasse 50, il est payé pareil, et ne peut rien dire ! L'exemple de la malhonnêteté intellectuelle vient de haut ! Et puis il y a plein de gens qui voudraient travailler plus pour gagner plus, mais maintenant ils sont au chômage. Pourquoi ? Ce n'est pas logique non plus ça ! Et le statut de l'auto entrepreneur "Créez votre entreprise, vous aurez du boulot !" et puis des sous, c'est quand même le but de la manoeuvre. Ca marche tellement bien que la moitié déclarent un zéro pointé en chiffre d'affaire et que les autres ne gagnent que des clopinettes. Autant dire que dans ce cas là, quand vous cherchez un logement ou voulez faire un prêt à la banque, on vous rit au nez !
 
Alors, moralité, monsieur Sarkozy ne sait pas ce que signifie travailler. Il n'a peut-être jamais travaillé de sa vie d'ailleurs. Alors le 6 mai, poussons-le hors de l'Elysée pour qu'il aille voir à quoi ressemble la vraie vie !