Les viticulteurs utilisent nombre de pesticides pour lutter contre les maladies de la vigne. Ces polluants se retrouvent-ils dans nos verres ? Le magazine "60 Millions de consommateurs" révèle les résultats des analyses effectuées sur 52 vins, bios et non bios.
On choisit un vin pour sa saveur mais aussi pour son image, sa présentation... et, de plus en plus, pour sa "propreté". En témoigne l'envol des vins bio, supposés exempts de résidus de polluants.
Les viticulteurs ont en effet recours à de nombreux fongicides et pesticides pour lutter contre les maladies de la vigne. Mais retrouve-t-on les traces de ces polluants jusque dans nos verres ? Et si oui, à quelle hauteur ? Le magazine "60 Millions de consommateurs" a décidé d'évaluer cette contamination dans 52 vins rouges et blancs, conventionnels et biologiques, issus de France mais aussi d'autres pays. 29 substances actives ont ainsi été recherchées dans ces 52 vins.
"Nous avons défini une liste de 29 substances à rechercher en priorité. Les deux tiers environ servent à combattre les champignons du raisin : mildiou, botrytis (responsable de la pourriture grise) et oïdium. Rappelons que le mildiou et l'oïdium sont les champignons les plus redoutés et donc les plus combattus chimiquement, surtout les années de forte pluviosité. Les autres molécules recherchées sont des insecticides, notamment six dirigés contre les tordeuses, des chenilles parasites. Enfin, nous avons ajouté à la liste l'ochratoxine A, une mycotoxine susceptible de se développer sur le raisin et potentiellement toxique pour l'homme" explique Patricia Chairopoulos, journaliste pour le magazine.
A quand une limite maximale de résidus pour le vin ?
"Les résultats de nos analyses montrent que tous les vins issus de la viticulture conventionnelle contiennent des traces de pesticides, heureusement à des doses souvent faibles. Alors que la viticulture est le secteur agricole qui utilise le plus de pesticides (20 % de la quantité totale appliquée en France), il n'existe paradoxalement pas de limites maximales de résidus (LMR) pour le vin mais seulement pour les raisins de cuve. Pourtant, au vu de nos résultats, imposer ces LMR au produit fini paraît indispensable" précise encore Patricia Chairopoulos.
Des polluants trop faibles pour remettre la certification en cause
Plus étonnant, dans l'étude du magazine, on retrouve des résidus de pesticides même dans des vins " issus de raisins certifiés biologiques ".
"Sur onze vins bios étudiés, seuls deux ne contenaient aucun des polluants recherchés. L'un d'entre eux contient même jusqu'à treize molécules différentes ! Les professionnels expliquent que ces traces de polluants sont liés à des contaminations accidentelles, les parcelles bio étant proches des conventionnelles qui utilisent des produits phytosanitaires. Certes, les très faibles quantités retrouvées ne remettent pas en cause la certification bio, mais le consommateur, lui, est en droit d'attendre un vin irréprochable.
Enfin, le nombre de molécules différentes nous interpelle sur la pollution de l'environnement. Sans compter qu'on ignore l'impact sanitaire lié aux éventuels "cocktails" de molécules" conclut Patricia Chairopoulos.
Pour en savoir plus, rendez-vous dans les kiosques à journaux pour découvrir cette enquête (numéro du mois de mai 2012).
A savoir : Cet essai est également disponible en achetant la version numérique du n°471 de 60 Millions de consommateurs (mai 2012).
Les abonnés pourront sinon télécharger le PDF de l'article après s'être identifiés à partir du 15 mai 2012.
Stella Giani