Selon une étude présentée mercredi 25 avril au Parlement européen par l'ONG Born Free, les zoos européens ont encore bien des progrès à faire en matière de bien-être animal et de sécurité du public. ¤¤ donnez votre avis 12 12 personnes aiment cet article
L'étude Born Free en résumé
Les zoos français:
- ne contribuent pas de façon significative à la conservation des espèces et de la biodiversité
- ne fournissent pas suffisamment d'informations significatives et de valeur sur les espèces qu'ils exposent
- n'éduquent pas le public de façon adéquate sur la conservation de la biodiversité
- ne prennent pas suffisamment leur responsabilité sur la santé et le bien-être de tous leurs animaux
- manquent de reconnaître et de traiter des besoins selon les espèces
- manquent de garantir la cohérence d'application des obligations de A25/03/2004
- Globalement, 13% de l'échantillon représentatif ne se conformaient pas aux obligations sur la conservation contenues dans A25/03/2004.
Le hasard de l'actualité internationale montre à quel point ce genre d'étude est pertinent. En effet, mercredi, la Nouvelle-Zélande a connu un drame dans le zoo de Franklin, situé au sud d'Auckland. Une soigneuse a été tuée par un éléphant dont elle avait pourtant l'habitude de s'occuper. L' ancien animal de cirque n'avait pas la réputation d'être agressif, mais il vivait dans un enclos sans congénères pour lui tenir compagnie, ce qui aurait pu affecter sa santé mentale selon le propriétaire du zoo.
La fondation Born Free qui s'est spécialisé dans les études sur le bien-être des animaux a audité en tout 25 zoos français en 2011 (sur les 900 parcs que compte la France). Parmi eux : le Zoo de Doué, le Marineland d'Antibes, le zoo de Bordeaux-Pessac ou encore le parc zoologique de Fréjus. Les résultats de l'étude ne sont pas vraiment flatteurs : les efforts en faveur des espèces menacées- principale utilité de ces arches de Noé - sont insuffisants et les conditions de vie des animaux insatisfaisantes dans un tiers des parcs (cages trop étroites, manque d'éléments de distraction pour les animaux, etc). L'ONG cite en (mauvais) exemple le parc zoologique de Beauval " qui ne fournit pas assez d'espace pour permettre aux otaries de Californie de nager et de plonger correctement ".
Manque de pédagogie et de sécurité
Côté préservation des espèces, seulement 17% des animaux observés dans les zoos français étaient des espèces menacées et seuls 11 parcs participaient aux programmes de conservation dans les pays d'origine des espèces en question. "Les zoos français ne sensibilisent globalement pas le public de façon adéquate sur la conservation de la biodiversité", tranche Born free, relevant un manque de panneaux explicatifs.
Mais ce n'est pas tout. Depuis 2005, les parcs zoologiques sont tenus d'appliquer la "directive zoo" de 1999, qui fixe certaines règles en matière de sécurité des installations mais aussi de pédagogie à l'encontre des visiteurs. "Bien que cette directive ait été transposée dans chaque Etat membre, les lois nationales manquent souvent de règles détaillées pour protéger adéquatement les animaux", souligne le rapport. Résultat, sur les 25 parcs audités, 5 exposaient visiteurs et animaux à un risque de maladie ou de blessure. Inquiétant, donc.
Grâce au vaste travail mené par l'ONG, la Commission européenne a accepté d'inclure une nouvelle matière dans la formation des vétérinaires, abordant la science du bien-être animal, fondamentale et appliquée. Elle a également accepté de développer un guide des "meilleures pratiques" afin d'aider les États membres et les gérants de parcs zoologiques à mieux répondre aux exigences légales.
Cependant, "sans la mobilisation de la communauté européenne, il est probable que ces problèmes honteux perdurent", a souhaité mettre en garde Daniel Turner, porte-parole de Born free.
Olivia Montero