Les artisans du bâtiment ne connaissent pas la crise

Publié le 26 avril 2012 par Vincentpaes

FCGA en partenariat avec Banque Populaire, le chiffre d’affaires des petites entreprises enregistre, toutes professions confondues, une hausse de 1,9 % en 2011 (contre +0,7 % en 2010). Globalement, l’indice d’activité des TPE se redresse et atteint un niveau légèrement supérieur au taux de croissance du produit intérieur brut en 2011 (+1,7 %).

Pas de décollage économique

"La croissance amorcée en 2010 ne s’est pas transformée en véritable reprise en 2011. L’indice global d’activité est bien en progression de 1,9 % (après +0,7 % en 2010), mais nous n’assistons pas au décollage économique tant espéré l’année dernière", explique Christiane Company, présidente de la FCGA. L’année dernière, sur les douze secteurs analysés, six seulement améliorent globalement leurs performances tandis que six autres affichent un niveau d’activité en recul ou comparable à l’année précédente.

Toutefois, ce diagnostic général dissimule d’importantes variations de chiffres d’affaires selon les professions. Retour sur les tops et flops de 2011.

LES TOPS

1. Plâtriers-décorateurs : + 13,4 %

Toutes professions confondues, c’est la meilleure performance enregistrée en 2011 (+13,4 %, contre -2,5 % 2010). Les artisans spécialisés dans les travaux de décoration plâtrerie tirent la croissance des métiers du bâtiment en 2011. Portés par l’émergence des nouveaux marchés liés à la performance énergétique, l’accessibilité et la perméabilité de l’air, les plâtriers tirent profit de la montée en puissance des nouvelles exigences réglementaires en termes de confort thermique et acoustique. Dans le neuf ou l’entretien-rénovation, les travaux destinés à optimiser la consommation énergétique des bâtiments restent un créneau porteur malgré une conjoncture plutôt morose au premier trimestre 2012 dans le secteur.

2. Agences immobilières : + 9,6 %

En pleine « Web révolution », les quelques 40 000 agences immobilières retrouvent un niveau de croissance comparable à celui d’avant la crise. Une belle revanche pour les professionnels de la transaction immobilière ! Toutefois, après avoir essuyé une violente tempête économique - qui a profondément restructuré le marché - la profession doit aujourd’hui faire face à de nouveaux défis : guerre des prix imposée par les enseignes low-cost, concurrence impitoyable des agences sur Internet, exigence de nouveaux services et garanties qualitatives…

3. Électriciens et les entreprises de terrassement : + 7,8 % (ex-æquo)

Ce sont deux professions de l’artisanat du bâtiment qui se partagent la troisième marche du podium. Les électriciens d’abord, qui bénéficient, eux aussi, des nouveaux marchés de la performance énergétique. Notamment celui des énergies alternatives. Les entreprises de terrassement ensuite. Ces dernières, qui interviennent souvent en sous-traitance sur des chantiers publics, bénéficient d’un contexte plutôt favorable (surtout en milieu urbain) avec la multiplication des investissements dans les grandes agglomérations. En 2011, selon la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), le chiffre d’affaires du secteur a atteint 40,8 milliards d’euros.

LES FLOPS

1. Magasins d’électroménager-TV-HIFI : - 12,2 %

La fin du providentiel « effet TNT » qui avait dopé les ventes des postes de télévision en 2010 a replongé les magasins spécialisés dans la morosité. Globalement, le marché de l’électroménager est resté stable en 2011, avec 7,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Mais les circuits traditionnels de distribution n’ont visiblement pas profité de cette manne. Selon le groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménagers (GIFAM), il s’est vendu 15 millions de gros appareils électroménagers (réfrigérateurs, congélateurs, cuisines intégrées) et 41 millions de petits équipements (robots, kitchen machines, centrifugeuses…).

2. Commerces de cycles et scooters : - 8,4 %

Ces points de ventes spécialisés souffrent de la triple et féroce concurrence des grandes enseignes dédiées, de l’offre de la grande distribution (vélos) et du marché de l’occasion entre particuliers (notamment via Internet). Côté chiffres, les tendances varient selon le type de cycles. Si le vélo, dans sa version classique (+6,5 %) connaît toujours un beau succès populaire, il rétropédale lorsqu’il est muni d’une assistance électrique (-2,6 %) selon l’Observatoire du cycle. Côté scooters, le recul est encore plus important : -6,8 %. Sur le marché de l’occasion, les échanges sont plus dynamiques avec une hausse de 7,8 % pour un volume d’environ 550 000 immatriculations (motos et scooters confondus).

3. Studios photographiques : - 7,4 %

À l’ère du numérique, les consommateurs ont tendance à se passer des services des professionnels (prises de vues, tirages…). Ils s’équipent en appareils sophistiqués (plus de 70 % des foyers équipés selon le Syndicat des entreprises de l’image, de la photo et de la communication) et effectuent leurs tirages sur des bornes interactives. Les magasins de proximité remportent tout de même une belle victoire, en 2011 : la fin de la concurrence déloyale que leur infligeaient 2000 mairies équipées en cabines numériques pour la délivrance de photographies d’identité sécurisées pour les passeports.

Méthodologie de l’Observatoire :

Tous les mois, près de 70 centres de gestion agréés (CGA), répartis sur l'ensemble du territoire national, transmettent les chiffres d'affaires, rendus anonymes, de leurs adhérents à la Fédération. Les indices d'activité sont calculés chaque trimestre, à partir des chiffres d'affaires d'un échantillon de 15 000 petites entreprises de l'artisanat, du commerce et des services. L'évolution des activités est pondérée par le nombre d'entreprises recensées par l'INSEE dans chaque secteur considéré. Un questionnaire est parallèlement adressé chaque trimestre à près de 2 000 petites entreprises représentatives, permettant d'établir le baromètre du moral des dirigeants et de leurs intentions d'investissement et de recrutement.